Achetez de la fumée !
Les publicitaires, qui sont tous des escrocs, s’évertuent à inventer de nouveaux moyens de nous tondre. Et l’un de leurs trucs favoris est d’apostropher le lecteur ou le téléspectateur en lui affirmant que l’objet à vendre lui appartient déjà. Vous ne suivez pas ? Alors, voyez cet exemple récent.
Ce matin, je trouve dans ma boîte aux lettres électronique un message émanant de la régie publicitaire de l’hebdomadaire « Marianne », qui me convie ainsi à me rendre sur son site : « Votre numéro de Marianne est disponible. Vous pouvez le consulter dès maintenant sur votre ordinateur, votre tablette ou votre mobile en cliquant ci-dessous ». Et, un peu bas, cette injonction : « Découvrez votre nouveau numéro maintenant » – le dernier mot étant souligné.
Bref, à lire ce laïus, on jurerait que je suis DÉJÀ déjà abonné à ce canard (« VOTRE numéro », me serine-t-on deux fois). Inutile de dire que je ne suis pas abonné à « Marianne », et que jamais je ne l’ai acheté. Mais, curieux, je clique sur le lien, et j’aboutis à une page où ne figure pas le moindre article, pas même une simple ligne, et on n’y voit que la page ABONNEZ-VOUS, avec les divers prix d’abonnement, selon la durée choisie.
En somme, en m’attirant sur ce site, on m’a proposé du vent, et je me retrouve dans la situation de ce personnage de Rabelais, un pauvre homme mourant de faim, et qui, pour se donner l’illusion qu’il dînait, tendait son morceau de pain à la fumée qui s’échappait de la rôtisserie du petit Châtelet, « et le trouvait, ainsi parfumé, grandement savoureux ». Hélas, le rôtisseur voulut qu’il lui paye la fumée !
Je dois manquer d’odorat.