Oui, Polanski est « un porc »

Publié le par Yves-André Samère

Attention, aujourd’hui, séance de philosophie ! Thème du jour : faut-il séparer l’homme de l’artiste pour des raisons de morale ? Je compte bien que la question sera au sommaire du baccalauréat en juin prochain.

Vous ne comprenez pas où je veux en venir ? Très bien, débroussaillons un peu. Lorsqu’un artiste a écrit, ou filmé, ou simplement accompli des saloperies, faut-il, ou non, passer l’éponge parce qu’il a enrichi le capital culturel de l’humanité ? Par exemple, l’écrivain et ancien normalien Robert Brasillach, qui a écrit durant l’Occupation, de 1937 à 1943, dans l’hebdomadaire collabo « Je suis partout » (il en a été le rédacteur en chef), des textes favorables aux nazis où il étalait sa haine des Juifs, du Front populaire, de la République, et son admiration pour le Troisième Reich, a-t-il mérité d’être fusillé pour cela le 6 février 1945, De Gaulle ayant refusé de le gracier à la suite de sa condamnation à mort, malgré la pétition en sa faveur signée par un collectif d’écrivains célèbres, dont Mauriac, Camus,  Cocteau, Dorgelès, Anouilh, Claudel, Marcel Aymé et une kyrielle d’autres ? Rappelons que Louis-Ferdinand Céline, qui, sur le plan des idées, relevait de la même farine, a échappé au châtiment en se réfugiant au Danemark après le Débarquement, et a réussi à se faire amnistier grâce à son avocat d’extrême droite Tixier-Vignancour – celui-là même qui a réussi à éviter la peine de mort au général Salan en 1962 et a été candidat contre De Gaulle à l’élection présidentielle de 1965.

À la question que je posais au début de cet article, remarquez que la réponse est étroitement liée au pays dans lequel on la pose : aux États-Unis, on n’a pas tendance à pardonner – voyez les Rosenberg, qui ont été exécutés pour trahison en faveur de l’URSS –, alors que la France est à genoux face à la notoriété, et pardonne tout (je précise que, pour une fois, je penche, et sur cette seule question, du côté des États-Unis).

Bref, on vient d’apprendre que l’impunité dont Polanski bénéficie en France commence à être remise en question, à la faveur du scandale Harvey Weinstein, bien que les médias s’astreignent à dire de façon mensongère qu’il s’est rendu coupable d’une simple « agression sexuelle », alors qu’il s’agissait, chez lui, du VIOL d’une fille de treize ans, Samantha Gailey, qu’il avait enivrée, droguée au Quaalude, et pénétrée par la porte étroite. Les chefs d’accusation qui l’ont amené à connaître la justice des États-Unis étaient les suivants : fourniture d’une substance prohibée à une mineure, actes licencieux et de débauche, relations sexuelles illicites, perversion, sodomie et viol. On oublie généralement (volontairement ?) le délit de fuite, puisque, après sa condamnation et un séjour en prison de quarante-deux jours (il avait écopé de quatre-vingt-dix jours), il obtient la « permission » de se rendre en Europe pour la réalisation d’un film, et qu’il n’est bien sûr jamais revenu aux États-Unis, même pas pour recevoir un Oscar. En somme, rien à voir avec une main aux fesses ou des propos grivois dans la rue ou au bureau.

Mais, même en France où il est devenu le chouchou des médias et où la communauté artistique se ridiculise en radotant qu’on ne doit pas poursuivre un si grand artiste (sic), les langues se délient enfin, et il en est à cinq accusations de viol sur mineures, après celle commise sur Samantha Gailey.

En somme, Polanski est un porc comme les autres, et on ne devrait pas le traiter comme on le fait, en le proposant pour présider la cérémonie des Césars, ou en organisant à la Cinémathèque de Paris une rétrospective de ses films.

Entendons-nous bien, je ne prétends pas qu’on doit censurer les œuvres d’un tel individu ; mais de là à le considérer comme une gloire nationale et intouchable, il y a un abîme. Seul le silence conviendrait.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

K
Je ne veux pas minimiser ou excuser les actes de R.P. , mais pourquoi tant de haine de votre part ?. Le débat à propos de Polanski revient comme un marronnier dans votre blog. Vous avez la rancœur tenace .
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Y
Ce n’est pas la raison, et je ne hais personne. Ce qui m’irrite, c’est cette obstination à prétendre qu’un artiste a davantage de droits que le commun des mortels et qu’il en devient intouchable. Polanski, je m’en fiche. J’en ai dit autant à propos de Louis-Ferdinand Céline.
D
J'ai l'impression qu'un certain milieu essaie de "réhabiliter" coûte que coûte Polanski aux yeux de l'opinion. En tout cas, ils n'ont pas très bien choisi leur moment !
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Y
Depuis des années, ce salaud est intouchable en France. Heureusement, certaines femmes commencent à réagir. L’argent qui lui avait permis de faire taire sa victime ne lui servira à rien pour les autres, qui se révèlent à présent.