Un gisement inépuisable de tics verbaux
Est-ce que les tics verbaux sont l’apanage des animateurs de France Inter, ou sévissent-ils dans les autres radios ? À vrai dire, les autres radios, je ne les écoute pas, sauf pour l’émission quotidienne de Stéphane Bern sur RTL, que je capte en différé pour ne pas hurler de rage à l’écoute des publicités qui saucissonnent à tout bout de champ ce divertissement. Mais Bern, je sais déjà qu’il ne peut s’empêcher de proférer une demi-douzaine de fois par heure son sempiternel « incroyable » (il est vrai que Stéphane est d’une telle naïveté que tout le comble d’étonnement).
Revenons à France Inter, et clarifions.
À midi, il y a Nagui, qui conclut chaque première heure de sa Bande originale par un insistant « Vous êtes BIEN, sur France Inter ». Or ce BIEN n’est pas un BIEN de confirmation (vous n’êtes pas ailleurs), mais un BIEN de satisfaction (il n’y a rien de mieux ailleurs).
Le matin, deux autres tics de langage : Léa Salamé termine son entretien de dix minutes avec l’invité du jour par un « Belle journée », saugrenu parce que ces deux mots ne sont pas censés exprimer un souhait : une belle journée, c’est une journée où le temps est beau, et rien d’autre. En outre, Laurent Wauquiez, qui n’est pas du même bord politique, a exactement le même tic. Et le pitre Augustin Trapenard, juste avant neuf heures, termine sa présentation de l’invité à venir par son « Sur France Inter, évidemment ! », qu’on retrouve le dimanche soir dans la bouche de Jérôme Garcin terminant Le masque et la plume. C’est donc « évident » (évidemment dans le sens de « facile », autre sottise récurrente), d’écouter des platitudes archi-ressassées ?
Il y a sur cette radio d’autres animateurs, qui s’expriment dans un français très correct. Daniel Morin ne tombe dans aucun de ces travers horripilants, et il a un discours accessible, très fluide et bien composé, en dépit du fait qu’il sait improviser.