Jouer son propre rôle au cinéma

Le 7 février sortira en France le dernier film de Clint Eastwood, The 15:17 to Paris. C’est (encore) une de ces histoires vraies dont nous sommes gavés, et je n’ai pas d’avis sur ce film, puisque je ne l’ai pas vu – oui, je sais, c’est rare. Je sais seulement que les « acteurs » de son film sont les personnes réelles, trois touristes états-uniens, qui sont intervenus dans un train, le Thalis, pour empêcher un attentat terroriste. Histoire qui a été racontée dans un livre de Jeffrey E. Stern.

On pourrait croire que c’est extrêmement rare, de voir un personnage réel jouer son propre rôle dans un film, et penser que c’est un peu indécent. Mais en fait, on connaît plusieurs occasions. Ainsi, Lionel Jospin a joué son propre rôle dans Le nom des gens, en 2010. De même, Jean Tiberi a joué son propre rôle, en 2002, dans Trois zéros, un film sur le football. Il jouait le maire de Paris et célébrait un mariage. Pas de quoi gagner un César. Naturellement, je laisse de côté les documentaires, et les fictions où un musicien joue une séquence musicale.

En réalité, le plus bel exemple de cette confusion entre la réalité et sa mise en images, on l’a vu en 1955, lorsque Audie Murphy a interprété son propre personnage dans To hell and back (en français, L’enfer des hommes), qui racontait sa conduite héroïque durant la Deuxième guerre mondiale. Audie n’était pas un débutant au cinéma, puisqu’il avait déjà joué dans quinze films, ayant débuté en 1948. Né le 20 juin 1924, orphelin de père, il s’était engagé dans l’armée à 17 ans, après avoir menti sur son âge, et il a été le soldat le plus décoré de son pays.

C’était un acteur modeste, mais très demandé, avec cinquante films et téléfilms, surtout pour les westerns. Ayant conservé son visage très juvénile, il est mort jeune, à 46 ans, le 28 mai 1971.