Langue de bois : 7. Nouveaux concepts
Chacun en convient, parler simplement, employer les mots que tout le monde comprend, c’est simpliste, plouc, voire vulgaire. Il est donc important de masquer cette triste réalité derrière un épais rempart sémantique, afin de n’être compris que par ceux qui appartiennent à notre monde !
De ce point de vue, il n’est pas négligeable de créer de nouveaux concepts. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, on parle de projet, management, croissance, développement, territoire, démarche-qualité, et on revalorise les notions jadis comprises de tous, par exemple en proscrivant des notions périmées comme balayeur (technicien de surface), pays sous-développés (pays émergents), clandestin (sans papiers), caissière (hôtesse de caisse), ouvrier (opérateur), et même... ballon (référentiel bondissant, si-si !).
Qui ne voit le progrès ? À l’abri derrière ce vocabulaire, on est désormais tranquille, on ne risque pas de voir les pauvres (pardon : les économiquement défavorisés) mettre leur nez dans nos affaires.