Myopie

Publié le par Yves-André Samère

Vu hier, avec pas mal de retard, un film de Michel Hazanavicius, Le redoutable, sur Jean-Luc Godard. C’est plutôt un film comique, contre toute attente, et Godard, ce redoutable casse-pieds maoïste, y est tourné en dérision, même si Hazanavicius ne l’avoue pas.

Noté un gag recurrent : à trois reprises, et une quatrième fois racontée à la radio, Godard se fait casser ses lunettes. Or il se trouve que j’ai été témoin de ce genre d’incident.

Je n’ai croisé Jean-Luc Godard qu’une seule fois, au cours d’une manifestation contre le Pouvoir à laquelle je participais. Godard et moi, plus quelques centaines d’autres, nous remontions l’Avenue d’Iéna en hurlant des slogans révolutionnaires, quand, au moment où nous arrivions Place du Trocadéro, les policiers ont chargé. Naturellement, ils ont matraqué un peu tout le monde, comme c’est la saine coutume en France, et ont cassé les lunettes de Godard.

C’est peut-être faute d’avoir les bonnes lunettes que le cher Jean-Luc a pris la dictature maoïste pour une révolution à soutenir. Mais enfin, des myopes dans son genre, il y en a eu des masses (populaires, bien sûr). J’ai ri aussi quand un personnage du film lui lance qu’il ne fait « que de la merde ». Là, j’ai pensé à la lettre que François Truffaut lui avait envoyée, et qui a marqué leur rupture définitive : « Jean-Luc, tu n’es qu’une merde », lui disait-il en préambule.

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