Artistes, choisissez enfin la modernité !

Publié le par Yves-André Samère

Il arrive qu’un artiste décide de « dépoussiérer » son style – comme on dit dans les journaux mieux écrits que le présent bloc-notes –, de passer à la « modernité », de « vivre avec son temps » ou, pourquoi pas, en avance sur celui-ci plutôt qu’avec. Et, en général, sur cette bonne intention, il se plante. Souvenez-vous d’Alfred Hitchcock : l’un des traits de la « Hitchcock touch » que ses admirateurs préféraient, c’était ce contraste entre la noirceur de sa vision du monde et l’emploi de héros distingués, d’héroïnes élégantes et blondes, de méchants originaux et plutôt attirants (ah ! James Mason dans La mort aux trousses !...). Et puis, un jour, Hitch a tiré un trait sur tout cela, fait un pas en direction du populo, et réalisé Frenzy : il y montrait des femmes nues et très communes, un héros vulgaire, un méchant qui se curait les dents avec une épingle de cravate, et tout ce joli monde parlait un langage ordurier. Adieu Grace Kelly, Joan Fontaine et Ingrid Bergman, adieu Cary Grant, Joseph Cotten et James Stewart ! Hitchcock avait donné tête baissée dans la MO-DER-NI-TÉ.

Souvenez-vous également du groupe Queen. Leurs premiers 33-tours (le CD n’existait pas encore) portaient tous la mention No synths – pas de synthétiseurs. De 1973 à 1978 inclus, Queen est resté fidèle à son style et à ses instruments d’origine. Puis, après Jazz, en 1979, changement de politique, les synthétiseurs et leur son médiocre (ils ont fait des progrès depuis) envahissent tout, et la qualité s’en ressent. Le journal « Actuel » les qualifie alors de « groupe prétentieux et “artistique” », et Freddie Mercury est comparé à Luis Mariano !

Aujourd’hui, j’ai vu le dernier film de « Chpilbergue », comme il faut dire quand on est critique pour Le masque et la plume. Ce film, Ready player One, est pire que son Minority report, dont certains avaient affirmé qu’il était son meilleur film, ce qui prouve bien que l’humour ne perd jamais ses droits. Si Minority report, qui date de juin 2002, était le meilleur film de Spielberg, alors Jacques Chirac fut le président le plus honnête depuis De Gaulle ; Vincent Bolloré, le patron le plus compétent de l’ère quaternaire ; Romane Bohringer, l’actrice la plus sexy depuis Hedy Lamarr ; et Jean-Marie Bigard, l’humoriste le plus drôle depuis le Pétomane.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

P
C'est un jeu de mots tordu , Yves-André , Simone disait " Je vis avec Montand "
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Y
Elle disait aussi « J’ai tout Montand ».
P
Le présent bloc-notes sur lequel " je suis tombé " par hasard ( et ce , sans l'aide d'Higelin ) prévaut sans équivoques aux journaux mieux écrits . Au passage " vivre avec son temps " était l'une des expressions favorites de la regrettée Simone Signoret .
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Y
Je ne savais pas ce détail sur Simone Signoret. Ajoutons ce renseignement à mon (pauvre) manque de culture.
C
Minority machin; quelle navrance , je préfère - dans le genre - relire les 2 albums de Tintin !<br /> Dans le genre hitchcokiens chics ; Gregory peck et Louis Jourdan , distingués non ?
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Y
C’est, de Spielberg, le film que je déteste le plus, avec le dernier, « Ready player One ». Son meilleur, peu connu, c’est « Empire du Soleil ».
K
Pour la cuisine, vous avez oublié les mots clés. Un plat, une saveur, une odeur se doivent d'être :<br /> Généreuse et authentique, délicate et subtile etc etc<br /> Vive le fromage qui pue !
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Y
Oui, je manque nettement de vocabulaire. Il va falloir que je prenne des cours. Auprès de Cyril Lignac, peut-être ?
D
Ou alors, même si ce n'est pas exactement le sujet de votre billet, on veut "dépoussiérer" un opéra, une chanson, une pièce de théâtre... et on se plante là aussi. Le talent dans ces cas là bien souvent se confond avec gesticulation.<br /> Tiens, une dernière manie langagière concernant les cuisiniers, qui excellent en ce domaine. Maintenant, un plat doit "raconter une histoire". Je regarde ma blanquette de veau différemment. Elle parle.
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Y
Je regrette d’avoir laissé passer une expression aussi intelligente que celle du plat qui raconte une histoire. Les cuisiniers devraient tous recevoir le Prix Nobel de Littérature.