Au chômage, mais dignes (?)
Il y a une règle non écrite mais irréfragable concernant la publicité à Radio France : ses textes DOIVENT être stupides ! Certes, cela a toujours été le cas, mais depuis qu’on l’a laissée envahir les ondes de France Inter, tous les records sont battus.
Tenez, vous n’avez pas pu rater, puisqu’en ce moment elle passe vingt fois par jour, cette pub pour les chèques-vacances (je ne sais pas ce que c’est, puisque je ne prends jamais de vacances). Cela consiste en un dialogue d’une durée de quelques secondes entre une fille censée travailler dans une agence de pub, et un prétendu patron d’une entreprise de moins de cinquante employés. Bien entendu, ces deux personnages ne sont pas réels, on a recruté deux comédiens qui crevaient de faim, et on les a payés avec des noyaux de cerise. Pour la bonne raison qu’aucun patron de PME n’aurait jamais accepté de dire des répliques aussi niaises :
– La fille : Monsieur, accepteriez-vous de participer à une publicité pour les chèques-vacances ?
– Le patron : Et ça consiste en quoi ?
– La fille : À répondre à une simple question, comme celle que je viens de vous poser.
– Le patron : Mais c’est génial ! Et je fais quoi ?
– La fille : Vous venez de le faire, c’est terminé.
En somme, comme dit le type qui joue les patrons un peu neuneus, c’est génial, non ? On aimerait connaître l’auteur de ce texte inoubliable, afin de voter pour lui lors de la prochaine élection à l’Académie française.
(Une petite précision : il existait, une quinzaine d’années auparavant, et je ne sais si ça persiste encore, à un étage de Radio France que j’ai oublié, un endroit que, dans le milieu des comédiens au chômage, on surnommait « le carrefour des putes ». À longueur de journée, on pouvait y voir, stationnant devant la porte d’un certain bureau, une file d’acteurs sans travail qui venaient s’enquérir s’il n’y aurait pas un rôle minuscule pour eux. Fallait les comprendre, ces malheureux, quand on est dans la dèche, on abdique toute dignité)