Émergence de Léo Grasset

Publié le par Yves-André Samère

Dans sa dernière édition du mercredi 23 mai 2018, et en page 5, « Le Canard enchaîné » nous apprend que Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, « soigne sa communication en faisant appel à des YouTubeurs », et il cite quatre noms de « stars du petit écran », comme il dit. De ces quatre, je ne connais que le dernier cité, Dirty Biology, dont j’ai déjà parlé trois ou quatre fois, et que j’estime particulièrement. En fait, ce garçon, qui a 28 ans, est né à Saint-Étienne et s’appelle Léo Grasset, a, dit-on, été mauvais en science durant sa scolarité, avant de découvrir sa vocation pour la biologie. Après une licence dans cette matière, un master en biologie évolutive et un diplôme d’études supérieures universitaires, il avait créé, en 2013, un blog rudimentaire, qu’il semble avoir ensuite abandonné, et qui comprenait quelques articles peu conformistes, dont un avait un titre fracassant, Détruire la biodiversité est bon pour la santé – titre à ne pas prendre trop au sérieux, mais qui écorchait un peu Yann-Artus Bertrand et Nicolas Hulot, tiens tiens ! –, où je pêche cette phrase peu politiquement correcte : « Les pays avec le plus de biodiversité sont également les pays où l’on meurt le plus à cause de cette biodiversité ». Seulement voilà, Léo sait de quoi il parle, car il a étudié la question un peu plus profondément que les humanistes de télévision, il avance deux diagrammes très parlants à l’appui de ce qu’il affirme, et produits par le WWF et l’IDH. Le premier indique que de 1970 à 2000, les populations de vertébrés sont tombées de l’indice 100 à l’indice 70, le second prouve que, de 1975 à 2005, « le taux de conflits armés est historiquement bas, [nous jouissons d’]une meilleure santé que jamais, les gens sont plus riches que jamais »... et que la population des pauvres du tiers-monde régresse à toute allure. Si vous lisez l’anglais, vérifiez ICI, c’est un article très savant de l’American Institute of Biological Sciences.

Au départ, Léo, que je suis depuis des années, ne gagnait rien, et, trop fauché pour vivre en France, avait dû aller s’installer dans une ville du nord de la Thaïlande, où vivait déjà son frère Colas. Depuis, devenu très estimé, il gagne bien sa vie, est revenu en Europe (en Suède, je crois), il donne des conférences, et, quand « Le Figaro » révèle qu’une vidéo à succès sur YouTube rapporte entre 3000 et 8000 euros, Léo confie que cette somme est « un peu au-dessous de [ses] tarifs », ceux qu’il réclame à de grandes entreprises pour leur fournir de la publicité. Je précise qu’il n’y a pas de publicité dans ses propres vidéos sur YouTube.

Pour ne rien gâcher, et après un livre sur les animaux africains, Le coup de la girafe (oui, coup, pas cou), publié à la suite d’un séjour au Zimbabwe, Léo, avec des dessins de son frère Colas, vient de terminer une bande dessinée sur La grande aventure du sexe. Les deux frères sont très drôles, et leurs vidéos, commentées à la vitesse d’une mitrailleuse et bourrées de gags, sont à voir absolument : allez sur YouTube, tapez “DirtyBiology” dans la boîte de recherche, et instruisez-vous en vous amusant (ou l’inverse).

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