Les questions contenant la réponse
Jeudi 31 mai, Yann Barthès invite deux actrices noires dans son émission Quotidien. Elles ont publié un livre manifeste intitulé Noire n’est pas mon métier, qui dénonce, dit-on, le racisme dont seraient victimes en France les actrices noires. Et, histoire de les faire mousser un peu sur le fond de leur plaidoyer, il envoie son reporter Azzeddine faire un micro-trottoir devant les cinémas de la Place Montparnasse. Thème de la question unique posée aux passants : pouvez-vous citer un film français dans lequel une actrice noire a le premier rôle ?
J’adore positivement ce genre de question, qui contient déjà la réponse ! Puisqu’on leur tend une perche aussi subtile, il suffit, à la personne ainsi interrogée – et prise évidemment au dépourvu –, de répondre que non, elle ne voit aucun film répondant à la question. Moralité : les actrices noires sont brimées à cause de la couleur de leur peau.
Si j’avais été interrogé, pure hypothèse car je ne vais jamais voir de film dans ce quartier, j’aurais répondu que oui, je connais plusieurs films français ayant une actrice noire en premier plan, voire en vedette. En remontant assez loin, j’aurais cité Marpessa Dawn, vedette d’Orfeu Negro, qui a même remporté en 1959 la Palme d’Or à Cannes (devant Les quatre cents coups de Truffaut, c’était son quatrième film), et que j’ai vue aussi au théâtre. Il y a eu également Firmine Richard, co-vedette avec Daniel Auteuil pour son premier film Romuald et Juliette, en 1989 (elle en a tourné soixante-dix, et elle était au Festival de Cannes cette année). Ultérieurement, elle était aussi vedette du film de François Ozon Huit femmes, avec sept autres interprètes prestigieuses comme Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart ou Ludivine Sagnier, presque rien par conséquent !
Du côté des hommes noirs, j’ose à peine citer Omar Sy, Isaac de Bankolé (Ivoirien, qui a poursuivi sa carrière aux États-Unis), Mouss Diouf, Fabrice Éboué, Pascal Légitimus ou Thomas N’Gijol.
Mais quand on fait appel à la mémoire des passants, truc bien connu des gens du métier, c’est infaillible : ils ne trouvent rien !