Contre les humoristes démagogues
Positivement, je déteste ces humoristes en peau de lapin, s’acharnant à ridiculiser des hommes qui les dépassent, en choisissant (pas du tout au hasard) un détail de leur existence, en le montant en épingle, et n’acceptant jamais, ensuite, de parler d’autre chose. Cet os une fois choisi, ils s’y accrochent, et cela peut durer des dizaines d’années.
J’ai été, durant quinze ans, l’ami et le webmaster d’un humoriste alors assez connu, mais qui n’est plus grand-chose aujourd’hui : il ne fait presque plus de spectacles en province, passe deux fois par mois sur une petite chaîne de télévision payante où il assure une chronique de cinq minutes, n’écrit plus de livres, et a paru quelque temps sur Europe 1, où il côtoyait mon cher Eddy Moniot, dans une émission pilotée par une autre humoriste toute de rouge vêtue. Il apparaît aussi sur deux sites Internet, également payants, ce qui n’est pas très bon pour la popularité. Or ce type, chaque fois que Jacques Attali était invité dans une émission de France Inter où il avait alors beaucoup de succès, s’évertuait à rappeler au public qu’Attali avait été soupçonné de plagiat, pour avoir omis de mettre entre guillemets une citation d’un auteur connu. Il avait aussi fait rire le public avec Claude Lanzmann, en caricaturant le discours que ce grand homme avait fait au Festival de Cannes, en présentant un peu longuement le film, Le dernier des injustes, qu’il y avait présenté en 2013. Un crime, en somme, de la part de Lanzmann.
Je n’apprécie pas qu’on ridiculise Lanzmann, dont la stature morale dépasse de beaucoup celle de ses détracteurs. Il est mondialement honoré pour son œuvre majeure, Shoah, qu’Arte vient de rediffuser, et que je vous invite à télécharger (gratuitement). Ce film avait déjà été diffusé le 13 novembre 2013, en une seule partie, mais dans une résolution d’écran de 720 pixels sur 540 (résolution du DVD), alors que, cette semaine, il est diffusé en 960 sur 720, donc l’image est meilleure – et en deux parties.
Lanzmann, outre le fait qu’il a dirigé la revue littéraire Les temps modernes, est aussi l’auteur de plusieurs livres, dont Le lièvre de Patagonie, que j’ai téléchargé ce matin. Je ne lui reprocherai qu’une chose : d’avoir, en 1961, qualifié les harkis de « chiens ». Il ne savait pas qu’ensuite, ils seraient ignominieusement massacrés par les Algériens, encouragés par leurs dirigeants politiques. Mais il s’en est excusé en novembre-décembre 2011, dans le numéro 666 de la revue citée plus haut, Les temps modernes.