Comment réagir au cinéma ?

Publié le par Yves-André Samère

Je vois beaucoup de films, comme vous le savez peut-être. Mais je ne réagis pas comme tout un chacun, de façon sentimentale. Délabyrhintons un peu.

Tout d’abord, je n’ai jamais eu peur au cinéma. Jamais, même lorsque j’étais encore enfant ! Je savoure les scènes de suspense, mais je ne tremble pas quand le héros est en danger, sachant parfaitement que, pour un scénariste, faire mourir son héros en cours de récit est une erreur absolument anticommerciale. En fait, seul Hitchcock a osé tuer son héroïne en cours de route, c’était Janet Leigh dans Psychose, avec le célèbre meurtre sous la douche, qui survenait exactement au milieu du récit (et pas au bout d'une demi-heure, comme on le dit trop souvent). Il s’en est expliqué, d’ailleurs : il avait voulu, pour une fois, faire « de la direction de spectateurs » plutôt que de la direction d’acteurs, et localiser toute la violence au début, afin, ensuite, de ne plus avoir à secouer les nerfs de ceux qui verraient le film. C’était bien vu, mais, justement, de très nombreux spectateurs n’ont pas supporté cet écart, et lui en ont voulu – par exemple Jerry Lewis.

De même, je n’ai jamais pleuré au cinéma, et je suis toujours stupéfait d’entendre des gens célèbres déclarer à la radio ou à la télévision que telle scène leur a tiré des larmes. Mais c’était peut-être, de leur part, simplement de la pose destinée à les faire valoir en montrant qu’ils ne possédaient pas un cœur de pierre. En fait, une seule scène m’a profondément attristé en même temps qu’elle m’indignait, c’était dans le film Cabaret : elle commençait par un gros plan sur le visage d’un jeune garçon, très beau, en train de chanter. Puis la caméra reculait, découvrant peu à peu l’horrible réalité, l’uniforme qu’il portait, celui des jeunesses hitlériennes ! Ce rappel de la manière dont les nazis ont endoctriné les très jeunes Allemands, voués ainsi à devenir des S.S. avant d’avoir rien compris à la situation, secouait un peu le spectateur connaissant la suite de l’Histoire allemande.

En revanche, je rejette les scènes horrifiques ou dégoûtantes : la vue d’un membre cassé, avec les os qui émergent, ou d’un œil crevé, m’est insupportable. Jamais je n’aurais pu être médecin ou infirmier.

Oui, je sais, mon palmarès affectif de spectateur fait d’un bloc de glace est plutôt maigre. Mais j’évite de jouer les imposteurs.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

J
Moi, c'est exactement le contraire. Il y a 15 ans, j'étais un peu comme vous, peu impacté par les émotions, les sentiments, les drames, la violence qui passaient sur l'écran. Le cinéma, c'était le cinéma.<br /> Aujourd'hui, je vais très peu au cinéma. Soit les fantasmes sociaux sur lesquels on surfe m'ennuie, soit l'intention esthétique, politique ou intellectuelle du metteur en scène est si évidente qu'elle me barbe, soit les scènes de violence me semblent vulgaires, superflues en même temps qu'artificielles, soit les émotions sont usées jusqu'à la corde, soit le thème du film est désuet, inintéressant. <br /> Tout ce qu'il s'y passe m'agace voire m'insupporte. Un rien. D'ailleurs c'est pareil à la télévision. <br /> Manque de goût, manque de hauteur de vue, manque d'audace, manque d'originalité, manque de profondeur, manque de réalisme etc
Répondre
Y
Je connais tout ça, mais, au lieu de prendre au tragique les réalisateurs qui, avec le plus grand sérieux, se regardent filmer, je les critique en faisant usage de mon humour (à supposer que j’en possède). Tous n’ont pas le génie des Monty Python ! J’ai retenu la leçon de celui à qui on demandait quel « message » il entendait délivrer, et qui avait répondu qu’il laissait ce soin à la Poste.