Haro sur les playlists !
On sait à quel point les producteurs d’émission de variétés, tant à la radio qu’à la télévision, ont l’imagination fertile. C’est simple, dès que l’un d’eux a eu une idée et l’a incluse dans son émission, très vite, tous les autres copient ce qu’il a installé, en se disant qu’ils ont gagné le cocotier, et que, par conséquent, ils vont écraser la concurrence.
Depuis quelques mois, tous, absolument tous, se sont convertis à l’utilisation intensive de la playlist. Cela signifie qu’avant la diffusion de leur émission, un assistant « cuisine » l’invité prévu, pour lui faire dire quelles chansons il écoutait aux différentes époques de son existence. Cette liste transcrite dans le conducteur de l’émission, cela donne d’admirables séquences telles que : « En 1990, vous écoutiez ceci », et on lance le disque, qui va tourner jusqu’à ce qu’on en lance un autre, puisque plus personne ne songe à mettre fin au disque précédent !
Naturellement, ce truc de producteur de variétés était usé dès le début, mais comme le public ne proteste pas (il n’écoute pas, c’est certain), cela va continuer jusqu’au Jugement dernier.
On nous dit que les plus jeunes ont cessé d’écouter la radio et regardent de moins en moins la télévision, préférant passer leur temps sur Internet. Pas étonnant : là, ils peuvent choisir ce qu’ils ont envie d’entendre, pas ce qu’écoutent des gens dont ils se fichent éperdument. Bien sûr, ils ont aussi mauvais goût que la majorité de la population, qu’on gave de sottises et de médiocrités. Mais c’est l’ensemble des distractions des Français qui est atteinte. Voyez les films qui sortent chaque mercredi : ils sont de plus en plus inintéressants, bourrés de séquences violentes et bruyantes, y compris si l’histoire qu’on raconte ne comporterait logiquement aucune scène de ce genre. Les bandes d’annonce des films à venir sont désormais truffées de bruits d’explosion, et si on filme Roméo et Juliette, on y inclut désormais quelques détonations qui remplacent si bien les dialogues conçus par ce crétin de Shakespeare ! Dans un de ses livres, Philippe Muray disait qu’il n’allait plus au cinéma, parce qu’on ne peut pas y baisser le son. Je crois qu’avant peu, je me pointerai au cinoche avec un casque sur les oreilles. Comme tout le monde.