Leonard Bernstein m’a précédé !
Dans le cas (improbable) où, ayant du temps à perdre, vous liriez de temps en temps mes petits écrits, vous aurez peut-être remarqué une de mes obsessions : nier que les États-Unis, prenant la partie pour le tout, aient le droit de baptiser leur pays « l’Amérique ». Bien entendu, personne ne m’a jamais suivi, car c’est trop excentrique, et cette thèse blesse trop les habitudes de tout un chacun. Mais je m’en fiche d’autant plus que je viens de trouver le témoignage irréfutable qu’un grand personnage avait défendu le même point de vue.
Il s’agit de Leonard Bernstein, le grand compositeur, à qui l’on doit entre autres la merveilleuse musique de West side story. Lisez ce qu’il a déclaré, un an après la première du spectacle à Broadway, alors qu’il venait d’être nommé directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de New York, qu’il dirigeait en public ce jour-là : « J’ai souvent été influencé par la musique latino-américaine, mais c’est particulièrement vrai pour West side story. Cela s’explique par la place des Portoricains dans l’intrigue. Nous allons vous jouer quatre danses, réarrangées pour orchestre symphonique. Elles prouvent que le mot “Amérique” couvre bien plus que les seuls États-Unis. L’Amérique du Nord, du Sud et l’Amérique centrale ne forment, ou ne devraient former, qu’un seul et même continent ».
Comment dire mieux ?