QUI a décidé l’abandon des harkis ?
Aujourd’hui, sur France Inter. Bulletin d’information de midi. Comme Macron a décidé de décorer et d’indemniser quelques harkis, la radio donne la parole à Dalila Kerchouche, fille de harki, journaliste, et auteur d’un livre, Mon père, ce harki, publié au Seuil en 2003. Or, au micro, la dame se déchaîne, et interroge : où sont les responsables de cette abomination, avoir abandonné les harkis aux Algériens, qui, avec la bénédiction de leur président du moment, Ahmed Ben Bella, les ont massacrés d’une façon atroce, causant des dizaines de milliers de victimes, alors que l’armée française avait l’interdiction d’intervenir ? Oui, où ?
Ce rappel, cette question, étaient justifiés, mais la fin de la diatribe de cette Dalila qui coupait les cheveux en quatre, quoique pas sur la bonne tête, péchait sur un point : il y avait en France un responsable de cette ignominie atroce, un seul, et il logeait au Palais de l’Élysée, en 1962. Il s’appelait Charles De Gaulle, il était président de la République depuis janvier 1959, et il était le seul dans le pays à prendre toutes les décisions. C’est bien lui qui a décidé de trahir la promesse faite quelques années auparavant par les représentants de la France : rapatrier les supplétifs dès que la guerre serait terminée. Et c’est encore lui qui a interdit aux chefs de son armée de les ramener en France pour les mettre à l’abri des égorgeurs.
Par chance, certains chefs militaires, qui avaient gardé une notion de l’honneur et du respect de la parole donnée, ont eu le courage de lui désobéir, et de laisser passer leurs anciens harkis au travers des mailles du filet qui les empêchait d’entrer en France – alors que De Gaulle avait envoyé partout, dans les ports, dans les gares, des hordes de gardes mobiles pour leur barrer la route. Sans ces honorables responsables, il ne resterait pas un seul harki vivant ! Tous, en Algérie, ils auraient été mutilés, émasculés, égorgés, écorchés vifs, on leur aurait arraché les yeux, la langue, on les aurait arrosés d’essence pour y mettre le feu. Les survivants, on les a parqués dans des camps sur le territoire national, et on n’a rien fait pour les sortir de la misère.
Mais, aujourd’hui, jamais vous n’entendrez prononcer le nom de ce dictateur ayant pris seul une décision impardonnable. Les gens de médias sont trop pudiques, et on ne va tout de même pas entacher le souvenir sacré du « Sauveur de la France ». Rassurez-vous, on va préserver le moral de la nation et continuer à faire comme si.