La farce des « rois-mages »
La pieuse légende des « rois-mages », venus de loin pour adorer l’enfant prénommé Jésus et né dans une étable de Bethléhem, n’est rapportée que par les évangélistes Luc et Mathieu ; les deux autres évangélistes officiels n’en soufflent mot – ce que, personnellement, je trouve très irrespectueux, vous pensez bien ! Luc est très sobre, mais Mathieu, qui écrivit son évangile entre 70 et 90 (comme tous les évangélistes, qui ne sont pas des apôtres, il n’a jamais pu rencontrer Jésus), s’étend longuement sur l’anecdote. Néanmoins, il ne dit jamais que les mages étaient trois (on a supposé qu’ils étaient trois parce que sont mentionnés trois cadeaux : l’or, l’encens et la myrrhe), n’indique pas leurs noms (Melchior, Gaspard et Balthazar ne sont nommés que dans un évangile apocryphe qu’on date du sixième siècle et qu’on intitule Le livre arménien de l’enfance du Christ), et nulle part on n’affirme qu’ils étaient rois, car ce sont tout au plus des prêtres de cultes astrologiques : leur pseudo-royauté leur a été attribuée pour la première fois par l’évêque Césaire d’Arles, qui vécut de 470 à 543, invention créée à partir d’un verset du psaume 72, qui déclarait que, lorsque Dieu vient, les rois se prosternent devant lui. Cela permettait d’éviter que des astrologues se soient inclinés devant le divin bébé ! Des rois, évidemment, c’était plus flatteur.
Il y eut aussi cette histoire d’étoile qui aurait « guidé » les mages vers l’étable où reposait Jésus. Une affirmation qui ferait aujourd’hui hurler de rire n’importe quel astroNOME, car aucune étoile ni aucune comète ne pourrait permettre de suivre un itinéraire terrestre et de localiser une maison ! Mais il existe, dans la litérature latine, une histoire qui ressemble assez à ce que raconte Matthieu : en 66, à Rome, Néron ajoute le titre d’imperator à son nom, parce que, selon Pline et Suétone, des mages de Perse, sur l’indication des astres, seraient venus à cette occasion à Rome pour l’honorer, et comme ceux de l’évangile, ils seraient repartis par un autre chemin.
Par ailleurs, l’histoire du massacre des enfants de moins de deux ans, ordonné par Hérode, et qui n’est qu’une resucée d’un massacre identique, ordonné par le pharaon Ramsès Ier, et auquel Moïse aurait échappé, n’est mentionné par aucun historien. S’il avait eu lieu, ce n’aurait pas été un évènement sans importance, et on en aurait entendu parler. Or, pas la moindre trace, où que ce soit.