Au secours, les mots me font peur !

Publié le par Yves-André Samère

Je suis persuadé que les Français ont de plus en plus peur de leur propre langue. Sinon, comment expliquer leur acharnement à éliminer les mots usuels, que jusque là tout le monde comprenait parfaitement, pour les remplacer par d’autres mots, toujours les mêmes et qui n’ont pas le même sens ?

Ainsi, comment expliquer (bis repetita placent) la disparition complète, depuis plusieurs années, du verbe travailler ? Voilà bien une dizaine d’années que je n’ai plus entendu ni lu ce verbe, au profit de l’argotique bosser. Et le verbe aimer ? Démodé ! On n’entend plus que kiffer, pas seulement chez les jeunes, mais aussi chez les adultes, qui s’ingénient à récupérer leur sous-langage, histoire de bien souligner qu’eux aussi savent se mettre au goût du jour. Ne disons rien du verbe commencer, expulsé au profit des verbes démarrer et débuter, qui sont intransitifs (ils n’admettent pas de complément d’objet direct, et ne peuvent donc pas le remplacer : on peut commencer une carrière, on ne peut ni la démarrer ni la débuter).

Dans un autre style grammatical, où est donc passée l’expression quelque chose ? Je vous mets au défi de la repérer, où que ce soit. Vous ne trouverez plus que le pitoyable un truc : j’ai un truc à faire, tu avais un truc à m’dire, et si on mangeait un truc ?

Plus tard, je vous reparlerai de l’envahissant compliqué, très utilisé par les hommes politiques et les gens des médias, et qui a l’avantage de remplacer absolument TOUS les adjectifs. Vous verrez, c’est frappant... et ridicule !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :