Richard III, innocent

Publié le par Yves-André Samère

Récemment, le 31 janvier 2019, la chaîne France 5 a programmé un documentaire passionnant, Richard III - La fin d’une énigme. On a en effet découvert, en 2012, les ossements de ce roi... sous un parking de Leicester, construit à la place d’une église où il avait été inhumé – église démolie depuis. Cette trouvaille ne relevait pas tout à fait du hasard, et cette sépulture – ou plutôt les vestiges de cette église –, on la cherchait. Ce qui, en archéologie, est exceptionnel, car cette science n’a pas pour objectif de rechercher les personnages célèbres, encore moins les rois !

Les raisons scientifiques de penser qu’il s’agissait bien de Richard III sont les suivantes : une tombe médiévale dans un lieu sacré, un squelette à la scoliose très prononcée, et le même âge que le roi à sa mort, un peu plus de trente ans. En outre, un lointain descendant de la lignée féminine de Richard III a été retrouvé, et son ADN a pu être comparé à celui du squelette. Quant à la datation au carbone 14, elle a permis de dater le squelette, avec 95,4 % de précision, entre 1450 et 1540. Tout colle !

L’inhumation, de toute évidence, n’avait rien eu de solennel : pas de pierre tombale, pas de cercueil, le corps avait été enterré de manière rudimentaire, à même la terre, et probablement ligoté. Comme un vulgaire criminel. Il faut rappeler que Richard III était détesté, au Royaume-Uni. Mort en 1585 au cours d’une bataille, il a été accusé de tous les maux, y compris d’avoir fait assassiner les deux fils de son frère, le roi qui l’avait précédé, Edward IV, afin de les empêcher de monter sur le trône d’Angleterre qu’il convoitait – la célèbre histoire des « enfants d’Édouard ». Réputation due en grande partie à la pièce de Shakespeare, qui ne l’avait jamais connu et avait utilisé les racontars qu’il tenait de Thomas More.

Richard III a donc été réhabilité, et une sépulture plus convenable lui a été donnée, en mars 2015, ailleurs que dans un parking. Et nous, en France, qu’attendons-nous pour réhabiliter ce pauvre Louis XVI ?

Autre chose : je savais depuis longtemps que Richard III avait été accusé à tort, parce que j’avais lu... un roman policier, The daughter of time (en français, La fille du temps), publié en 1951 par Josephine Tey, auteur peu connu en France, mais célèbre au Royaume-Uni, née à Londres en 1896. Elle y détaillait une enquête menée depuis son lit d’hôpital par un commissaire de police, qui, cloué au lit, trompait son ennui en reconstituant toute l’histoire de Richard III. Josephine Tey a aussi publié en 1936 son deuxième roman, A shilling for candles, qui a été adapté à l’écran l’année suivante par Alfred Hitchcock sous le titre Jeune et innocent. Si j’en ai le temps, je ferai un résumé de ses investigations dans La fille du temps, c’est très convaincant.

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