Agnès Varda

Publié le par Yves-André Samère

En général, lorsqu’une personnalité du spectacle vient à mourir et que le pays entier ne parle plus que de ça, je m’en fiche royalement. Ainsi, quand Charles Aznavour ou Johnny Hallyday, ces exilés fiscaux, ont quitté cette vallée de larmes, j’ai fait comme Desproges quand Tino Rossi est mort : « J’ai repris trois fois des moules ».

Mais pour Agnès Varda, qui aurait eu 91 ans le mois prochain, morte aujourd’hui (non, je ne vais pas m’offrir le propos ridicule que vous allez entendre toute la semaine, dire qu’elle « nous a quittés »), c’est très différent. Si j’avais vu Cléo de 5 à 7 d’assez bonne heure sans l’apprécier réellement, je n’ai commencé à aimer vraiment ses films qu’à partir de son pseudo-documentaire Les plages d’Agnès, une fantaisie sortie en 2008, et n’ai eu connaissance de ses films précédents qu’ensuite, avec une préférence pour Les glaneurs et la glaneuse, tourné en 2000 – et j’ai en DVD ces deux films –, et surtout pas pour Les cent et une nuits de Simon Cinéma, film pour lequel elle avait engagé tous les acteurs célèbres qu’elle avait rencontrés dans sa vie, aussi bien en France qu’aux États-Unis (lire la liste ICI, ils étaient soixante-et-onze), et qui, furieusement raté, n’avait eu aucun succès.

Ce que sans doute on ne vous dira pas, c’est qu’elle a été la première à donner un rôle à Gérard Depardieu, en 1965, pour Christmas Carol. Hélas, la phynance a vite manqué, et le distributeur qui devait sortir ce film a laissé tomber, ce qu’Agnès a révélé en avril 1982 dans « Positif », la revue que dirige toujours Michel Ciment. « Dix minutes ont été tournées avec Gérard Depardieu débutant… Ça aurait été un film sur la jeunesse d’avant 68, mais je n’ai pas eu l’avance et le distributeur a renoncé » (propos d’Agnès Varda dans Positif n° 253, avril 1982). Voilà pourquoi Gégé a dû attendre jusqu’en... 1967 avant de décrocher un rôle au cinéma, dans un court métrage de vingt minutes.

À midi, France Inter a cru devoir mentionner que Jean-Luc Godard était l’ami d’Agnès Varda. Jadis, peut-être, mais cet « ami », d’une part, n’apparaissait pas dans le film que je viens de citer, et, d’autre part, dans Visages villages, il a prouvé qu’il était un mufle, un homme qui ne tient pas ses promesses, et capable de poser un lapin à une amie, en l’invitant chez lui et en n’étant pas présent quand elle s’est présentée devant sa porte. Confirmant ainsi ce que François Truffaut lui avait écrit (lire ), qu’il avait un « comportement de merde », et qu’il avait déjà fait le coup de l’absence volontaire : « Tu acceptes de te rendre à Genève, Londres et Milan, et [...] tu n’y vas pas, pour étonner, pour surprendre, comme Sinatra, comme Brando, comportement de merde sur un socle ».

Je commence sur quelqu’un que j’aimais, et je termine sur un autre que je détestais. Il va falloir que je me surveille !

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C
Formidable de nous faire connaitre cette lettre de "rupture avec Godard . Complètement d'accord avec vous ; en plus , même si je suis pus cinéphage que cinéphile, La nuit américaine est un de mes film préféré de Truffaut; j 'aime tous ces film , sauf 3la sirène du Mississipi ; je suis passé à coté de ce film .
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Y
Je n’aime pas non plus ”La sirène du Mississippi”. Pourtant, j’avais lu le livre, qui était du même auteur que “La mariée était en noir”, le film de Truffaut que je préfère (notamment parce que la musique était de Bernard Herrmann).<br /> <br /> La lettre à Godard figurait dans la correspondance de Truffaut, et je la connaissais depuis des années.