Parler le français : un problème problématique
Nos contemporains croient souvent qu’il est préférable de remplacer les mots simples et connus de tout le monde par des termes qui leur paraissent plus savants – par pure ignorance, car un mot « plus savant » n’est pas un synonyme, et donc ne peut jouer ce rôle !
Les exemples sont nombreux. J’ai souvent cité la confusion entre technique et technologie : le premier désigne une méthode (de travail, par exemple), alors que le second est l’étude des techniques. Mais technique semble avoir disparu du vocabulaire de Monsieur Tout-le-monde, simplement parce que technologie sonne mieux et donne à penser que le locuteur est plus cultivé que la moyenne. En quoi celui-ci s’enfonce le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate.
Aujourd’hui, en écoutant France Inter, j’ai découvert une nouvelle bourde. Dans l’émission La bande originale, son animatrice Leila Kaddour Boudadi, à propos des personnages du dernier film de Guillaume Canet, a dit que ceux-ci trimballaient « leurs problématiques ».
Tilt !
Cette dame, qui ne manque jamais une occasion de rappeler au micro qu’elle a été professeur de français, se ridiculise publiquement, car elle prouve son ignorance en confondant le NOM problème avec l’ADJECTIF problématique. En bon français, problématique signifie « qui a le caractère du problème », mais ne signifie jamais problème. On peut, par exemple, dire que telle solution est problématique, c’est-à-dire qu’elle peut échouer.
Je n’ai jamais enseigné le français, mais ce n’est pas le genre de sottise que j’oserais sortir à la radio !