Un feuilleton n’est pas une série !

Publié le par Yves-André Samère

Les fictions télévisées se divisent en deux catégories : les feuilletons et les séries. Les feuilletons sont assez anciens ; en gros, ils sont nés dans les journaux du dix-neuvième siècle, et Alexandre Dumas, par exemple, écrivait ou faisait écrire (par Auguste Maquet, entre autres) des feuilletons... qu’il ne lisait même pas ! Ce qui ne l’empêchait pas de signer. Quand le cinéma est né, les feuilletons abondaient. Plus tard sont apparues les séries, et il importe de ne pas les confondre avec les feuilletons.

En effet, un feuilleton est une histoire à suivre. Ses épisodes s’enchaînent, chacun prenant la suite du précédent, et il importe au téléspectateur de n’en manquer aucun, s’il veut comprendre ce qui s’y passe. Ainsi, à notre époque, Six feet under, Games of thrones et Dynasty sont ou ont été des feuilletons, et chaque saison doit se terminer par un cliffhanger, une péripétie qui est amorcée et dont on ne connaîtra la conclusion que dans la saison suivante, après des mois d’attente. Ce procédé oblige le spectateur à rester fidèle au feuilleton.  

En revanche, la série est une suite d’épisodes indépendants les uns des autres, et il est peu important que le spectateur les regarde dans le désordre. Il n’y a donc aucun cliffhanger. Certaines séries peuvent s’étendre sur plusieurs années, et conserver leur clientèle même si ces épisodes sont diffusés dans le désordre ou s’il en manque quelques-uns. Actuellement, The big bang theory repose sur ce modèle, et en est à sa douzième saison. Et Les feux de l’amour en est à la 47e  et a connu 11 614 épisodes !

Autres différences : les épisodes des séries sont assez courts, généralement 23 minutes, alors que les feuilletons durent en général 45 minutes, et peuvent atteindre une heure. Les feuilletons sont généralement diffusés en première partie de soirée et coûtent beaucoup plus cher, parce que les actions se déroulent dans une multitude de lieux. Au contraire, la série se contente d’un ou deux décors, presque toujours en intérieur. Il y eut ainsi Happy days, série qui dura onze saisons, avec 255 épisodes.

Enfin, il arrive qu’une production commence en série et se poursuive en feuilleton si elle a du succès. Ce fut le cas de Dallas, série pour la première saison, feuilleton les années suivantes. Elle a connu quatorze saisons et 357 épisodes.

Dernière précision : on qualifie souvent les séries de « soap opera ». C’est une erreur, car les soap operas étaient des feuilletons diffusés en première partie de soirée, duraient au moins 45 minutes, et leur surnom vient de ce qu’à l’origine, ils étaient financés par... les fabricants de lessive. Mais c’étaient des feuilletons, pas des séries.

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