Apprendre à nager

Publié le par Yves-André Samère

Ce matin, sur France Inter, nous avons pu entendre qu’une petite localité française d’environ deux mille âmes était près de fermer sa piscine, car elle n’avait plus les moyens financiers de l’entretenir. Or ce n’est pas un détail insignifiant, dans un village, de pouvoir entretenir sa piscine : rien n’y est plus utile.

C’est dans une petite ville pas beaucoup plus importante que j’ai appris à nager. J’avais toujours détesté l’eau, et, peu doué, n’avais jamais pu apprendre la natation, bien que mes parents aient tenté de me faire donner des leçons par le maître-nageur de la ville où nous habitions. Plus tard, j’ai raconté en rigolant que j’avais conduit le brave homme au suicide (mais nous parlerons de suicide un autre jour). Bref, les deux parties avaient renoncé à ce défi impossible.

Mais, ayant grandi, je me suis trouvé dans une autre ville où tous mes copains savaient nager, et certains, sans doute apitoyés, avaient proposé de m’apprendre à nager. Naturellement, je n’avais pas progressé entretemps, et ce fut un échec cinglant. Jusqu’à ce que, un peu gêné de rester ainsi en queue de peloton, je décide de me débrouiller tout seul, et d’apprendre sans aucune aide. Il suffisait de réfléchir à un fait très simple : ne pas commencer par la fin ! Au diable, donc, les bouées et autres planches de liège, et au diable les copains aussi doués pour m’enseigner à nager que moi-même je l’étais à ne pas couler trop vite.

Désormais, je me rendais à la piscine aux heures où personne de ma connaissance ne s’y trouvait (inutile de se ridiculiser), et je restais dans la zone où j’avais pied et ne risquais donc pas de me retrouver avec la tête sous l’eau. Là, debout dans l’eau et à une courte distance du bord, face à l’échelle de sortie, il me suffisait de me lancer vers l’avant, bras tendus vers le bord, et de donner une poussée sur mes jambes pour atteindre infailliblement le bord de la piscine et agripper un barreau de l’échelle. Ensuite, recommencer autant de fois que nécessaire, en augmentant chaque fois la distance qui m’en séparait. Rien de plus simple.

Ayant répéré ce manège autant de fois que nécessaire, je finis par comprendre que je tenais très bien à la surface de l’eau, et que, donc, en fin de compte, je nageais ! Et quelque temps plus tard, pendant les vacances, j’ai travaillé comme moniteur de natation en Espagne.

Naturellement je n’ai jamais gobé le bobard classique, mille fois entendu : que, pour apprendre la natation à un débutant, il suffisait de le jeter à l’eau et de le laisser se débrouiller. Si on m’avait traité ainsi, je serais mort noyé !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

G
J'ai appliqué la même méthode pour les mêmes raisons: j'avais reçu la carte du club nautique pour mon entrée en sixième, mais j'étais le seul à ne pas savoir nager. Profitant de la fermeture de midi et de l'absence de toute surveillance, je suis descendu au seul endroit où j'avais pied et me suis propulsé là où l'eau était profonde vers le bloc de béton où se trouvait le plongeoir. J'y suis arrivé, je savais nager !
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Y
Eh oui, c’est tout simple, il suffisait d’un peu de bon sens.
D
Ma mère, avant tout, m'avait appris à faire la planche, pour me démontrer que je savais flotter ! Après, elle m'a appris les mouvements de la brasse, ça s'est passé très bien et vite. Par contre, je buvais tout l'océan si je m'essayais au crowl. Je n'ai pas persévéré, et suis restée à la brasse pépère.
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Y
Ce qui vaut mieux, sachant tout ce que contient l’eau de mer (y compris les corps des marins morts en mer). C’est pourquoi j’ai appris dans une piscine.