Avez-vous la nostalgie de Pompidou ?

Publié le par Yves-André Samère

Il paraît que Pompidou revient à la mode ; que Macron serait tenté par le pompidolisme. Eh bien, si c’est vrai, c’est une belle ânerie ! Les admirateurs de Pompidou manquent de mémoire, semble-t-il. Ont-ils oublié quelques détails ? En voici certains.

Sous Pompidou, la police était toute puissante, se permettait tout, et n’était jamais ramenée à la raison républicaine. Les cars de CRS qu’on avait déployés partout en mai 1968 étaient toujours en place dans le Quartier Latin, comme si on craignait que les étudiants allaient, de nouveau, construire partout des barricades. Et les policiers, complètement inutiles, passaient leur vie à jouer aux cartes dans lesdits cars, sans que le public puisse d’ailleurs leur lancer des quolibets. Ils y restèrent jusqu’à l’élection de Giscard, en 1974. Les homosexuels, eux, continuaient d’être pourchassés et persécutés, comme sous De Gaulle. C’est aussi sous Pompidou que la police tenta de poser des micros dans le bureau du directeur du « Canard enchaîné », qui gênait beaucoup trop le Pouvoir. Hélas pour eux, ces espions amateurs se firent prendre sur le fait par Escaro, un dessinateur du « Canard », rentrant un soir du cinéma... Mais au procès qui s’ensuivit, il se trouva un juge nommé Pinsseau pour estimer que cet espionnage était tout à fait normal (lire ICI). Oui, la Justice aussi était bancale. Et, face au scandale, Pompidou limogea le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin, car il ne pouvait pas faire autrement.

Au cinéma, la censure continuait d’exister, toujours comme sous De Gaulle. Et elle perdura telle quelle jusqu’à l’élection de Giscard, là encore. À la télévision, qui était toujours d’État, aucun progrès, le ministre de l’Information (oui, il y avait un ministre de l’Information !) dictait le sommaire des journaux télévisés aux prudents fonctionnaires qui dirigeaient la Maison Ronde. Et les radios privées, plus libres dans leur parole, ne pouvaient s’y exprimer.

Au gouvernement, certains ministres trafiquaient au vu et au su de la population, et vendaient au plus offrant des privilèges insensés. Et lorsque un scandale éclata parce que Gabriel Aranda, ex-conseiller technique du ministre de l’Équipement et du Logement, communiqua au « Canard enchaîné » une masse de documents photocopiés prouvant les magouilles d’Albin Chalandon, son ministre, que fit Pompidou ? Il ordonna que les ministères devraient désormais n’utiliser que du papier non photocopiable (qui restait à inventer) ! Outre cela, le secrétaire général du parti gaulliste, un certain Alexandre Sanguinetti, condamné en justice pour le délit de carambouille, ce qui le rendait inéligible, bénéficia d’une loi d’amnistie faite sur mesure pour lui (puisqu’il en fut le  seul bénéficiaire !), parce que le parti avait besoin de lui pour faire le redécoupage des circonscriptions en vue des élections à venir. Et De Gaulle signa la loi sans broncher.

Les services secrets étaient tout puissants, et le S.A.C. (Service d’Action Civique, création gaulliste), qui multipliait les exploits de pure crapulerie, n’était en rien entravé. L’un de ses membres était surnommé « La Cuillère », parce qu’il avait la charmante manie d’arracher l’œil de ses victimes avec cet ustensile de cuisine. Invraisemblable ? Oui, mais cent pour cent authentique. On ne mit fin à l’existence du S.A.C. que lorsque l’assassinat d’un enfant justifia sa dissolution par Jospin, devenu Premier ministre, sous... Chirac, en 1996. Et lorsqu’il démissionna de la Présidence en 1969, De Gaulle, le 8 mai suivant, leur adressa une lettre qui se concluait ainsi : « Je n’oublierai jamais le dévouement inlassable dont ont fait preuve les militants du SAC à mon égard, au service de la France ».

Pompidou, enfin, était un fanatique de la bagnole. Il s’était entiché d’un projet de nouveau plan pour Paris, projet qui truffait la rive droite d’une forêt de gratte-ciels, mais, sans attendre, il avait transformé la rive droite de la Seine en autoroute urbaine, qui fut maintenue jusqu’à l’arrivée d’Anne Hidalgo à la mairie.

La France ne fut débarrassée de Pompidou que par sa mort, au bout de cinq ans de son septennat. Les Français pouvaient enfin souffler, même si Giscard ne valait pas beaucoup mieux.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

A
M.Macron et M.Pompidou se sont fait élire par la même banque il me semble.
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Y
Exact. La banque Rothschild !