Artistes désarticulés ?

Publié le par Yves-André Samère

Un détail qui m’agace plutôt chez les grands artistes donnant un concert – et mon préféré, Alexandre Malofeev, génie du piano mondialement célèbre et qui n’aura ses dix-huit ans qu’en octobre prochain, sacrifie constamment à cette fâcheuse habitude –, c’est ce rite qui semble les contraindre à saluer bien bas le public en se cassant en deux, comme s’ils saluaient la reine d’Angleterre, au point que leur buste se trouvant dès lors parallèle au plancher, on ne voit plus leur visage ! Veulent-ils en réalité dissimuler une grimace de dédain ?

D’où vient ce rite, que j’estime assez humiliant pour ceux qui s’y plient (c’est le cas de le dire !), et de qui vient-il ? Vous imaginez Mozart, ce mal élevé, faisant des courbettes ? Pourquoi aucun de ces artistes, donc certains sont parmi les plus grands par le talent, souvent immense, ne jette enfin son bonnet par-dessus les moulins pour prendre conscience que le public serait incapable de faire ce qu’ils font quotidiennement ?

Pourtant, il y en a eu UN qui ne faisait aucune concession à cette coutume idiote, et je viens de le découvrir en regardant ce matin sur YouTube une vidéo montrant Vladimir Horowitz en 1978 (il avait alors 75 ans) jouant à New York, à l’Avery Fisher Hall, le Concerto numéro 3 de Rachmaninoff. Voyez-le ICI, qui se contente, une fois sur scène, d’incliner un peu la tête en réponse aux applaudissements des spectateurs venus l’entendre. En voilà un, en son temps le plus grand pianiste du monde – et le gendre d’Arturo Toscanini –, qui ne flattait pas ses admirateurs ! Ajoutons qu’il ne se livrait pas non plus à la pantomime (obligatoire ?) des pianistes se dandinant et se balançant face au clavier comme un Juif face au Mur des Lamentations de Jérusalem. Tout le monde n’était pas Liberace ! Et vous remarquerez qu’il n’a pas, contrairement à la coutume, serré la main du premier violon.

(Et non, je ne me moque pas des Juifs. Ne me lancez pas des tomates pourries, quoique, en ce moment, elles sont moins chères)

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