« Je m’présente, je m’appelle Henri... »
S’il revenait du royaume des morts, Daniel Balavoine ferait sans doute comme tout le monde : il ne chanterait plus « Je m’présente, je m’appelle Henri », mais « Salut, moi c’est Henri ».
Ah, ce « Moi c’est » ! Il procède de cette évolution dans le sens de la bêtification généralisée, qui tend, soit à réduire le vocabulaire, soit à le gonfler de mots pas très nouveaux mais très inutiles parce qu’ils mettent hors-la-loi le sens exact qu’ils possédaient jusque là. Pensez à glauque, par exemple.
Voilà des mois, voire des années, que je n’ai plus entendu cette survivance du passé, le classique « Je m’appelle Untel ». Trop désuet, démodé, à mettre à la poubelle. Vous vous résignez ? Mais la foule vous pousse vers la tombe, où vous retrouverez peut-être cette kyrielle de termes que j’énumère, jour après jour, dans ma rubrique Mot du jour.
(Je ne suis même pas original : Pivot avait fait une tentative dans ce sens avec son livre 100 mots à sauver, paru en 2004. À ce jour, j’en ai « sauvé » 106. Quel minable, ce Pivot ! Le président de la République va sûrement me donner un ministère)