Le nom des illustres inconnus
Entendu ce matin Claude Askolovitch, chargé de la revue de presse sur France Inter, citer le nom d’Alexandra David-Néel. Mais, succombant à l’anglomanie rampante, il prononce son nom « David-Nil ».
Il y a donc encore des cancres qui ne savent pas que le nom de cette Française se prononce comme il s’écrit : « David-Nez-elle ». Mais patientons. Dans quelques décennies, chacun saura qui elle était et comment on prononce son patronyme. En attendant, le webmaster du site portant son nom et qui se targue d’être son site officiel (sic), localisé à Digne-les-Bains où elle est morte, écrit son nom à la manière anglaise, preuve qu’il ignore de quoi et de qui il parle. Personne, à Digne, ne lui a signalé qu’il se plantait ?
Vous me direz qu’il y a encore, chez l’homme de la rue, comme on dit obligeamment, des ignorants qui disent « Richard Jire » pour Richard Gere (nom qui se prononce « Guire »). Mais enfin, passons l’éponge, l’homme de la rue n’est pas obligé de connaître la prononciation britannique. Et je prévois qu’un jour, un zozo travaillant dans les médias parlera de ce grand pianiste russe, Alexandre Malofeev, en l’appelant « Malofive ».
En revanche, certains sont mieux placés, mais commettent d’autres fautes bien plus impardonnables. Ainsi, chaque fois que Jérôme Garcin, dans Le masque et la plume, doit parler de Jérémie Renier, on l’entend dire « Jérémie Rénier ». Pourtant, il est connu, cet acteur belge plutôt talentueux. De même, la quasi-totalité des critiques de cinéma radotent « Chpilbergue » lorsqu’ils doivent nommer Steven Spielberg. Mais ce réalisateur très productif – et pas du tout allemand – ne doit pas être suffisamment connu.
Et puis, on peut remonter jusqu’à ces hommes politiques qui détestaient Mitterrand (je ne dis pas qu’ils avaient tort) et s’appliquaient à écorcher son nom en l’appelant « Mitran ». Encore un inconnu, sans doute.