Akhenaton et Moïse
Je ne pense pas que le nom d’Akhenaton se prononce à la manière française, « A-ké-na-ton », histoire d’imiter le groupe de rap marseillais qui a choisi ce pseudonyme. En réalité, on ne sait rien de la prononciation des Égyptiens de l’Antiquité. En revanche, on en sait suffisamment sur le personnage de ce pharaon, qui a voulu révolutionner les croyances religieuses de son époque, en inventant le monothéisme, au point que certains osent professer qu’il aurait inspiré... Moïse ! Hypothèse d’autant plus douteuse qu’on doute fortement de l’existence même de Moïse. Car le monothéisme, apparu au début du dix-neuvième siècle, était un concept dont nul ne pouvait imaginer à quel point, s’il avait été pronostiqué, l’existence aurait pu naître dans un esprit humain du quatorzième siècle avant notre ère. Si bien qu’une autre hypothèse a été avancée : Akhenaton, qui se nommait à l’origine Amenhotep IV, aurait voulu prendre ses distances avec le clergé de Thèbes (voué au dieu Amon, et qui comptait à Karnak 72 000 prêtres !), en fondant une nouvelle capitale, El-Amarna, dédiée au dieu solaire Aton.
Il aurait ainsi créé une sorte de Trinité, composée de lui-même, du dieu Aton et de la reine Néfertiti, son épouse.
Mais c’est Freud qui aurait eu cette idée du monothéisme, avec cette hypothèse : Moïse aurait créé le monothéisme en remplaçant le nom d’Aton par celui de Yahvé (« dieu des volcans »), et imposé la circoncision au peuple juif. Mais les historiens ont situé l’Exode des Juifs au quinzième siècle avant notre ère, donc avant le règne d’Akhenaton, ce qui flanque par terre l’hypothèse du charlatan viennois... qui en inventa bien d’autres !
Et puis, l’existence d’Akhenaton est bien prouvée, alors que celle de Moïse ne l’est nullement... En outre, les fameux « Dix commandements » attribués à Moïse sont visiblement inspirés des croyances de la Mésopotamie, où l’on a retrouvé certains « codes » proches de la loi de Moïse, et non de l’Égypte, où ne subsiste aucun texte de ce genre.
Inutile de dire que sa mort, à l’âge probable de trente-quatre ans, entraîna l’annulation de toutes ses réformes. Les Égyptiens pensaient sans doute que « c’était mieux avant ».