Ne pas dire oui, le vrai courage
Il y a une coutume que je ne comprends vraiment pas : pourquoi les invités à un mariage applaudissent-ils les nouveaux mariés lorsqu’ils sortent, enfin unis pour l’éternité (en principe), de la mairie ou de l’église ? Je conçois qu’on applaudisse un acteur qui, sur scène, vient de jouer brillamment le monologue d’Hamlet ou la tirade des nez dans Cyrano de Bergerac. Mais les gens qui viennent de se marier, quel exploit ont-ils accompli, qui soit digne d’être applaudi ? Le fait d’avoir répondu par un « Oui » à la question du maire ou du curé mérite-t-il qu’on soit acclamé ?
Je comprendrai, certes, que l’assistance applaudisse s’ils avaient eu la présence d’esprit de répondre négativement au moment crucial : ce serait un hommage rendu au bon sens des intéressés. Mais avoir accepté de se marier ?
Vous me direz qu’avoir eu le courage de se passer la corde au cou est une preuve de bravoure assez exceptionnelle. Mais refuser de le faire, surtout au dernier moment, ne serait-il pas un acte aussi courageux, voire davantage, puisque cela reviendrait à changer d’avis en un moment capital, et défier ainsi l’opinion publique ? Laquelle, déçue, devrait logiquement pousser des huées, et bombarder les ex-nouveaux époux de tomates, à défaut de grains de riz ?
Mais on ne voit ce genre de scène qu’au cinéma. Par exemple, à la fin du film The graduate (en français, Le lauréat), lorsque Elaine Robinson et Ben Braddock renoncent à donner satisfaction à leurs familles respectives et quittent l’église en courant. Il est vrai que cela se passait en 1967, où ce type d’incartade faisait encore un peu scandale. Aujourd’hui, cela n’épaterait plus grand monde.
En ce qui me concerne, je n’ai jamais assisté à un mariage, et je vois mal comment ce serait possible.
(Ni à une communion, ni à un enterrement !)