Une belle brochette de salauds
L’affaire Springora-Matzneff, dont j’ai parlé il y a quatre jours, a fini par émerger dans la presse de cette semaine, et c’est tant mieux. On ne peut évidemment pas espérer que le délinquant va être enfin sanctionné, étant donné son âge avancé. Il n’empêche qu’on peut épingler la brochette de salauds qui se sont montrés complices. Voici cette brochette de salauds :
- les parents de la fille : ils savaient la vérité, et n’ont pas porté plainte. Tout comme la famille de la fille violée naguère par Polanski. On l’a indemnisée financièrement, elle aussi ?
- la totalité des écrivains de l’époque, qui connaissaient les livres de Matzneff, et n’ignoraient rien de ses goûts.
- l’éditeur de Matzneff, qui publiait ses livres et lui donnait l’imprimatur.
- Bernard Pivot, qui avait lu ses livres et savait tout sur le milieu littéraire, ses coutumes et ses abus, ce qui ne l’a pas empêché d’inviter la canaille six fois dans son émission de télévision. Et qui « n’a pas souhaité » réagir, comme on dit si joliment dans les médias.
- la police qui, à cette époque, relevait chaque matin les fiches de police dans les hôtels. Elle a su fermer les yeux.
- Yves Saint-Laurent, qui payait la chambre où Matzneff ne se cachait même pas.
- le procureur de la République, qui était forcément au courant, et n’a pas fait son métier.
- le patron de l’hôtel, qui ne pouvait pas ignorer que Matzneff partageait sa chambre avec une gamine.
- et, au-dessus de tout ce joli monde, Mitterrand, qui savait très bien comment vivait son « cher ami Matzneff ».
En somme, une seule personne avait réagi, une romancière québécoise, donc étrangère, Denise Bombardier. Si les lois étaient appliquées en France, une belle rafle à faire, à présent qu’on sait tout. Mais ne rêvons pas.