Malhonnête “Secrets d’Histoire”

Publié le par Yves-André Samère

L’épisode de ce soir de Secrets d’Histoire suit sa politique traditionnelle, qu’on peut résumer ainsi : le personnage en vedette, celui dont le nom figure dans le titre, ne saurait être coupable d’actes brutaux, négatifs, délictueux, et ainsi de suite.

Or le personnage décrit ce soir était Agrippine, dite « La Jeune », fille de sa mère Agrippine l’Aînée. Or elles sont très différentes, mais les concepteurs de l’émission ont préféré ne pas parler de cette homonymie, et ont fait passer à l’as l’Aînée, qui n’a jamais été nommée, sinon désignée simplement comme « la veuve de Germanicus » !

Donc, déjà, un tour de passe-passe, destiné à mettre en valeur la Jeune, qui a été une criminelle absolue, mais que l’émission a blanchie, si j’ose dire.

Autre tare, plus grave, on a inversé la chronologie, en faisant mourir Britannicus APRÈS l’accession de Néron au titre d’empereur ! Il s’agissait évidemment de lui coller sur le dos l’assassinat de son demi-frère. Or, je l’ai raconté, Néron n’a jamais fait tuer Britannicus, mort probablement de mort naturelle et avant l’installation de Néron sur le trône impérial. Malgré cela, l’émission affirme qu’il a fait empoisonner le pauvre garçon pour l’empêcher de le concurrencer. Joli coup de pouce, destiné à l’accabler. Bravo, Bern !

Je plaisante : Stéphane Bern n’est pour rien dans le récit truqué de cette émission. Il n’est là que pour nous faire visiter les lieux où les personnages ont vécu – en l’occurrence, Capri, Pompéi et Rome. Un rôle de gardien de musée, en somme. Et qui lui va comme un gant.

On a donc une émission de télévision parfaitement malhonnête. Les auteurs n’ont gardé que ce qui leur plaisait, l’éloge constant et truqué d’Agrippine la Jeune, et ont totalement ignoré l’auteur le mieux renseigné sur l’époque néronienne, Georges-Roux. Son livre est très complet, très détaillé, ne prend jamais parti, mais il est difficile à trouver. Je pense qu’il doit en rester un exemplaire chez Amazon.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

K
Ré-écrire l'histoire est une spécialité appréciée des politiques. Faire des héros, des martyrs ou des traîtres est bien pratique pour enfumer le bon peuple et se faire acclamer et surtout ré-élire.<br /> Le massacre de Katyń en est un des nombreux exemples.
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Y
Exact ! Je connaissais l’histoire de Katyń.