Pourquoi « Meilleurs » vœux ?
Jamais je n’ai compris ce que tout le monde entendait par cette expression « Meilleurs vœux ». Ces derniers jours, on en a eu une indigestion ! Or, d’un point de vue sémantique, que signifie l’adjectif meilleurs, accolé au nom vœux ? Veut-on laisser entendre qu’il pourrait y avoir de pires vœux ? Si c’est le cas, je réclame un exemple ! Et, en tout cas, ces deux mots « qui vont si mal ensemble », jamais je ne les ai prononcés, même sous la menace des plus violentes raclées.
Je crois que l’une des tares de notre époque, qui n’en manque certainement pas, c’est l’indigence du vocabulaire qui a tout envahi. Ou, plus probablement (car on pourrait trouver d’autres mots non moins signifiants), le manque d’imagination de nos contemporains, qui semblent s’acharner à fuir toute tentative d’originalité. « Surtout, ne nous distinguons pas, faisons comme tous les autres, sinon, cela va se voir ! ».
J’exagère ? Non, jetez un coup d’œil sur les individus que vous croisez journellement dans la rue, ou au bureau, ou dans votre immeuble : on croirait un concours de sosies. Cela doit être une conséquence de leur éducation, leurs parents les ont dressés afin qu’ils ne leur fassent pas honte, et la phrase le plus souvent prononcée est sans doute celle que j’ai entendue la plus usitée dans mon enfance, « Que vont dire les voisins ? ». Plus tard, quand je suis devenu pensionnaire à partir de la classe de seconde, le tyran le plus voyant était le directeur de l’école. Chaque samedi matin, juste avant les cours de huit heures, il réunissait sous le préau la totalité des élèves de son établissement, arpentait tout l’espace que nous accupions, et vérifiait la consigne sacrée qu’il avait énoncée en début d’année : nous DEVIONS porter une cravate. Même si cet accessoire idiot ne se voyait pas, car dissimulé sous un pull à col roulé ! Si l’un de nous portait un pull à col roulé – ce qui était fréquent car le climat local était froid –, il s’approchait du suspect et baissait le col roulé, afin de vérifier que la cravate était bien là, cachée dessous, mais présente.
Un monde de fous...
(Il va sans dire qu’un malade mental de cet acabit, nous le détestions unanimement)