Chopin martyrisé à titre posthume
J’errais sans but bien défini sur le site de Spotify, afin d’entendre de la VRAIE musique, et je suis tombé sur une liste de titres joués au piano par Ivan Bessonov. Je précise qu’Ivan est un jeune génie du piano, qui n’a pas encore dix-huit ans (il les aura le 24 juillet), est né dans une famille de musiciens russes de Saint-Petersburg, qu’il est aussi compositeur pour le cinéma (Sports Kids: Varicella, documentaire sur le ballet, de Viktor Kosakovskiy), depuis l’âge de treize ans, et qu’il est connu dans le monde entier. Or Spotify avait en réserve une liste de morceaux dus à Chopin, que je me suis empressé d’écouter, car on ne se refait pas.
Or voilà-t-il pas que figurait dans la liste l’Étude en mi majeur, Opus 10 n°3, et que je ne sais quel crétin lui a collé un titre idiot, Tristesse. Mais je sais très bien, depuis toujours, que Chopin ne donnait jamais de titre à ses œuvres. On ne mentionnait que le genre du morceau (ici, « Étude » N° tant), avec le numéro du recueil où celui-ci figure (Opus N° tant). Jamais rien d’autre, c’eût été vulgaire.
Mais non, rien à faire, un abruti d’éditeur a décidé un jour de baptiser ce morceau splendide du nom de « Tristesse », histoire sans doute d’en faire une chanson à la noix pour Tino Rossi. De sorte que le monde entier a mordu à l’hameçon, et voit Chopin comme un individu alangui, souffreteux, et ne composant que des mélodies évidemment tristes.
On devrait condamner ces pignoufs à l’écartèlement qui a si bien réussi avec Ravaillac.