Décalage favorable
On sait que, depuis quelques jours, de nombreux Français se mettent à leur fenêtre pour applaudir à huit heures du soir les personnels soignants. Bravo ! Hélas, je ne peux pas en faire autant, car mes six fenêtres donnent toutes sur deux cours, et je ne vois jamais la rue. Avantage, je n’entends pas non plus le bruit de la circulation.
Néanmoins, si je ne peux pas applaudir le corps médical tout entier, je peux au moins rendre hommage à UN médecin. Il s’agit du chirurgien qui avait programmé pour le 17 mars une opération importante à mon bénéfice, à l’Hôpital Port-Royal, programme qui, ultérieurement, avait été annulé afin de réserver toutes les places aux interventions urgentes. J’avais très bien admis que mon tour soit remis à plus tard, et je n’ai pas cherché à obtenir je ne sais quelle priorité.
Or sa secrétaire m’a téléphoné au début de l’après-midi, pour m’apprendre qu’un patient avait, de lui-même, demandé le report de sa propre opération, et que sa place se libérait à mon profit. Mon chirurgien a donc fait avancer la date de mon admission dans son service, et j’entrerai ainsi à l’hôpital, non pas aux calendes grecques, mais après-demain, pour être charcuté ce vendredi (j’ai vu l’opération en vidéo, et le verbe charcuter se justifie pleinement !). Quand serai-je libéré de cet hôpital, je n’en ai aucune idée, mais il est certain que je ne pourrai pas écrire ici comme je le fais depuis mai 2007. Je me débrouillerai en truquant les dates, comme je l’ai déjà fait.
Par conséquent, avant de le lui dire de vive voix, je tire mon chapeau à ce médecin, qui, sans être sollicité, s’est préoccupé de mon sort. Je ne vous donne pas son nom (il a un nom à particule, et il est très connu), mais le cœur y est.