La solitude, ça n’existe pas ?
Je l’avoue, je suis un privilégié. Confiné chez moi comme tous les Français (Tous ? Vraiment ? J’ai comme un léger doute), je n’en souffre pas du tout, car j’ai fait ma philosophie de la chanson que chantait naguère Gilbert Bécaud : « La solitude, ça n’existe pas ». Il exagérait sans doute un peu, car ce n’était que de la littérature, et ne me regardez pas comme ça, je ne suis pas un monstre. Simplement, j’en ai pris l’habitude, car je n’ai pas rencontré d’enfant avant d’avoir l’âge de quatre ans et trois mois. Eh oui, je vivais en plein Sahara, seul avec ma mère, elle-même entourée de gens plus âgés, qui ne me prenaient pas au sérieux, vu mon âge. Autrement dit, toute ma petite enfance s’est déroulée dans cet état, dont je comprendrais très bien qu’il ne semble pas enviable à la majorité des vivants.
Conséquence, quand, vers mes vingt ans, on m’a enfermé dans une prison (une cellule, en vérité, sans éclairage, sans literie, en plein hiver, et pour deux nuits seulement, grâce à un médecin qui est intervenu), j’ai parfaitement supporté, en dépit du manque de conversation possible avec mes camarades, qui m’aimaient bien et que j’aimais bien aussi.
Naturellement, n’étant pas sadique pour un kopek, je ne souhaite ce sort à personne.