Où tousser ? Où donc éternuer ?
Longtemps je me suis, non pas couché de bonne heure, mais posé les grandes questions qui tourmentent l’humanité entière : où devais-je tousser ? Où devais-je éternuer ?
Face à ces questions existentielles et restées sans réponse, j’en étais arrivé à ce compromis : renoncer à ces actes basiques. Pas facile, vous vous en doutez (les crétins disent « pas évident », mais je vous fais confiance, vous avez davantage de vocabulaire qu’Isabelle Huppert).
Certes, dans mon jeune âge, c’était plus que difficile, car nous vivions, ma famille et moi, sur le littoral méditerranéen, fort humide comme chacun sait, de sorte que je passais d’un rhume à un autre sans le moindre entracte. Enfance pourrie. Par chance, j’ai pu quitter ces régions inhospitalières, et, depuis que je vis à Paris, je n’ai plus jamais été enrhumé (je conseille cette solution à toutes les personnes fragiles). Mais que faire si les hasards de la naissance vous ont forcé à vivre sous une mauvaise étoile ?
Heureusement, nous avons le meilleur gouvernement du monde, et un président qui fait l’admiration du monde entier. De telle sorte que, sous sa férule, ses ministres ont trouvé le remède, et, à longueur de journée, ils ont passé à leurs radios et télévisions la consigne de nous enfourner dans la tête la solution miracle : « Toussez, éternuez dans votre coude ! ». Même le roitelet du Vatican n’a pas pensé à ça ! Bien la peine d’être dans les petits papiers du Créateur de toutes choses. Nous sommes bien heureux d’être pilotés par de tels génies.
(Seul inconvénient : nous n’avons plus le droit de « faire la bise » aux gens qui nous indifférent. Mais il faut savoir faire des sacrifices)