Radios : assez de mauvaise musique !
Détestable habitude des radios, qui est d’interrompre une narration passionnante pour passer ce qu’elles appellent « un peu de musique ». Ce matin, j’ai écouté en différé (dans le milieu, on utilise sans aucune raison le mot anglais podcast) une émission instructive sur Hedy Lamarr, émission qui passait hier soir sur France Inter, et qui parlait de la célèbre actrice, également connue comme inventrice d’un système de détection des torpilles allemandes durant la Deuxième guerre allemande. Or, au bout de quarante-six minutes sur les cinquante-quatre que durait ce programme, on a interrompu le récit pour passer un disque truffé de rap !
Je connaissais très bien l’histoire d’Hedy Lamarr, pour avoir a vu à la télévision un documentaire sur cette partie de son existence, et pour avoir lu son autobiographie, très discrète d’ailleurs sur ses recherches scientifiques... que la Navy, organisation rétrograde et à laquelle elle l’avait proposée, a dédaignée – les mérites de cette invention n’ont été reconnues qu’en... 1981 !
Cette sale habitude de diffuser de la pseudo-musique pour aider l’auditeur à supporter la parole des gens qui ont quelque chose à dire, cela est détestable. Or, à la radio, rarissimes sont les émissions qui évitent un tel écueil. Autrefois, il y avait les Radioscopies de Jacques Chancel. À la même époque ou peu s’en faut, Le masque et la plume est venu tardivement à la prééminence de la seule parole, dès que François-Régis Bastide a cessé de présenter l’émission (Mitterrand, en 1981, avait nommé Bastide au Danemark, puis en Autriche !), laissant la place à l’excellent Pierre Bouteiller, qui avait supprimé l’intermède musical occupé par un pianiste, lequel improvisait. Et jusqu’au Tribunal des Flagrants Délires qui invitait des chanteurs, en feignant de croire qu’ils étaient là en qualité de témoins !
Aujourd’hui, cette amélioration n’a plus cours, bien au contraire, puisque les animateurs se croient tenus d’agrémenter leurs émissions avec la « playlist » (sic) de leurs invités : la liste des chansons qu’ils écoutent « en boucle », comme on dit stupidement – le plus souvent du rap, genre pseudo-musical qui n’a aucun rapport avec quelque musique que ce soit.