Jules Verne, toujours massacré au cinéma
Voyez cette image : on y voit un jeune garçon indien en train de lire à Pondichéry l’un des trois tomes du roman de Jules Verne, L’île mystérieuse, et ce garçon pourrait être moi. Sachant que j’aimais beaucoup Jules Verne, ma mère en effet m’avait offert ce livre, sans doute pour Noël. Malheureusement, elle ne connaissait pas cet écrivain, et elle ignorait que son roman tenait sur trois tomes, or ce n’est pas le premier qu’elle avait acheté, mais le deuxième ! J’ai dû attendre quelques années avant de pouvoir lire l’histoire en entier. Ce qui m’avait intéressé concernait la partie scientifique, à laquelle je m’étais précédemment initié avec Vingt mille lieux sous les mers, que d’ailleurs j’avais trouvé moins passionnant.
Si je parle ici de L’île mystérieuse, c’est non seulement parce que les sciences me passionnaient et me passionnent toujours, mais aussi parce qu’hier soir, j’ai vu à la télévision, pour la première fois, le film que les Britanniques en ont tiré, en 1961, Mysterious Island, mis en scène par Cy Endfield, réalisateur états-unien assez médiocre, et qui a traité le roman original (très bien analysé ICI), comme on le faisait à Hollywood, en se désintéressant de l’histoire et en y ajoutant une idylle saugrenue entre le jeune garçon Harbert et une jeune fille naufragée, recueillie avec sa tante par les réfugiés ayant fui en ballon leur Amérique natale. Toute la partie scientifique ayant été gommée, on a pallié ce manque en rajoutant des créatures monstrueuses, œuvre du grand spécialiste de l’animation Ray Harryhausen, bien connu des cinéphiles pour avoir, notamment, réalisé, pour Jason et les Argonautes, un duel entre les compagnons de Jason et sept squelettes, célébrissime séquence d’anthologie.
À propos d’idylle saugrenue, il faut remarquer que Jules Verne introduisait très rarement des personnages féminins dans ses romans, alors que beaucoup des adaptations de ses livres au cinéma bafouent ce parti-pris, comme on l’a vu avec Vingt mille lieux sous les mers, ou Voyage au centre de la Terre. Même traitement avec un autre auteur comme Henry Rider Haggard, dont Les mines du roi Salomon, en 1950, a été massacré par Compton Bennett et Andrew Marton.