Modernisons les romans célèbres !

Publié le par Yves-André Samère

Dans la version originale d’Autant en emporte le vent, la dernière réplique de Rhett Butler à Scarlett O’Hara est « Frankly, my dear, I don’t give a damn », ce qui, traduit en français, signifie « Franchement, ma chère, je m’en fous complètement ». Mais, traduit (et plutôt édulcoré) en français, ce texte a donné « Franchement, ma chère, c’est le cadet de mes soucis ». Une tournure que tous les auteurs de rap utilisent couramment, cultivés comme on les connaît.

Cela dit, vous savez sans doute que le roman original n’avait été traduit qu’une seule fois en français, pour Gallimard, par Pierre François Caillé, et que cette réplique était atténuée, comme précisé plus haut. Or un autre éditeur, Gallmeister, s’est emparé du roman, et l’a fait traduire par Josette Chicheportiche, qui a transcrit la fameuse réplique par « Ma chère, je m’en contrefiche ». C’est que, bien sûr, pour les lecteurs d’aujourd’hui, une guigne, ça ne leur dirait rien !

Comme quoi, en Macronie, il faut tout changer, et surtout le langage...

Quand va-t-on enfin se décider à mettre au goût du jour les textes de Molière et de Victor Hugo ? C’est vrai, ça, ils datent terriblement !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Oui, je connaissais l'histoire qui a fait du bruit (un peu) à sa sortie. Je n'en pense rien, la traduction originale était correcte dans son ensemble, et la nouvelle traduction, du moins sur ce point-là ne me convainc pas. D'après les commentaires que j'ai lus, dans les dialogues avec les serviteurs la nouvelle traduction évite la caricature de la première version, à savoir l'absence de "r". Ce qui n'est pas très malin, car le texte original retranscrivait cette caractéristique. Sincèrement, j'en ai marre de ces pudeurs qui cachent la véracité d'une époque, d'un auteur, de tout ce qui fait une société un temps donné.
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Y
Je ne trouvais rien à reprocher au texte initial. Pourquoi vouloir tout changer pour le plaisir de changer ?
Y
Tout à fait juste.
Y
Je me demandais si je devais vous envoyer ce livre, mais je comprends que ce serait inutile, et j’approuve.
D
C'est le moins qu'on puisse dire ! Pour en revenir à mon propos, c'est d'essayer de comprendre comment tout un peuple a pu le suivre aveuglément dans cette aberration. Or son ouvrage est la racine du mal. Ce n'est pas pour cela que je le lirai, mais ça peut, je pense, intéresser ceux qui tentent de savoir comment et pourquoi.
Y
Il faut avouer qu’Hitler est un peu à part, on ne peut le comparer à rien.
D
Vous parlez d'Hitler, cela me fait penser au tollé qu'a suscité l'intention de Gallimard (je crois) de publier une traduction de Mein Kampf. Exactement ce qui m'exaspère. En effet, si on ne peut pas constater par soi-même ce que véhiculent exactement les idées de cet homme, comment pouvoir juger ses convictions, son raisonnement et ses dérives criminelles ? A ce moment-là, on vous dit "il est méchant, bouh", et vous dites "bouh moi aussi" sans savoir exactement pourquoi ?
Y
Tout à fait d’accord. J’ai téléchargé la nouvelle version, mais je ne la lirai sans doute pas, ce serait interminable. S’en prendre au vocabulaire de l’époque est une sottise. Et la comparaison avec le livre d’Hitler n’a aucun sens, le premier traducteur n’avait aucune mauvaise intention.