Une loi élastique
Le vicomte Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon est né en Vendée, et comme la majorité des Vendéens, il a une profonde aversion pour la République, qui s’explique assez bien, surtout si on a lu le Quatrevingt treize de Victor Hugo, au titre bizarre et au texte foisonnant, mais en fin de compte, passablement ennuyeux, une fois expédiée la première partie. Mais passons, et revenons à nos moutons.
Villiers a bien tenté une carrière politique, évidemment très à droite, mais n’y ayant guère connu de succès, il a finalement préféré se reconvertir dans le spectacle, ouvrant ainsi la route à Roselyne Bachelot et quelques autres, qui suivirent la même voie plus lucrative. Il créa ainsi une entreprise de spectacle théâtral, le Puy du Fou, où la réussite fut totale (il faut dire que les acteurs de ces pièces sont tous bénévoles, ce qui permet de réduire les frais de fonctionnement).
Hélas, une épidémie s’abattit sur la France et sur le monde entier, contraignant l’État à faire promulguer une loi scélérate, interdisant à tout spectacle scénique de jamais dépasser la limite des cinq mille spectateurs, ce qui, déjà, est considérable, en vue de limiter les possibilités de contagion par le maudit virus.
Mais cette restriction ne tenait pas compte du passé politique du vicomte, que sans doute l’actuel chef de l’État voyait d’un œil favorable, ayant, lui aussi, le cœur fort à droite. Il fallait faire quelque chose en faveur du vicomte, et ce fut fait promptement : on décida donc de porter à neuf mille la limite supérieuse du nombre des heureux spectateurs de monseigneur le vicomte.
Ainsi fut fait, et tout le monde trouva cela très bien.