Ce film qu’on a vu
Vu tout à l’heure, dès la première séance, le dernier film d’Emmanuel Mouret, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait. Habituellement, j’aime beaucoup les films de ce cinéaste, mais cette fois, on en a donné une opinion trop favorable, car ce film, trop long et dont les personnages, trop bavards, sont fort peu intéressants, finit par ennuyer un peu, car on ne parvient pas à se passionner pour ce petit groupe d’oisifs, ni pour ces groupuscules qui se font et se défont sans jamais se demander pourquoi. Seules flottent au-dessus du lot Émilie Dequenne et Camélia Jordana, les mâles étant dépourvus de tout intérêt.
Reste la musique, dite « de fosse » dans le jargon technique, c’est-à-dire qui n’est pas montrée à l’écran, mais jouée en fond sonore, rajoutée en post-synchronisation. Les acteurs ne l’entendent que lorsque le film est monté puis mixé. Un gros effort a été fait pour que la fin d’un morceau coïncide avec la fin des scènes, ce qui épargne aux spectateurs le bloubi-boulga habituel des musiques de films, et les morceaux choisis sont de haute qualité, Chopin (Valse et Prélude), mais aussi La chanson de Solveig, à deux reprises, la Barcarolle des Contes d’Hoffmann, d’Offenbach, et même, hélas, un peu de Debussy et beaucoup trop de Satie. Mais les personnages représentés ne montrent jamais que c’est le genre de musique qu’ils apprécieraient dans la vie !
Relevé, dans le dialogue pourtant soigné, une faute de français, « ce philosophe que je ne me rappelle même pas le nom ». Ici, c’est DONT qui conviendrait ! Et n’oublions pas ce dialogue d’une puissante originalité, qui a traîné partout : « Je ne sais pas quoi dire. – Eh bien ne dites rien. »