« Plus de logements à louer »

Publié le par Yves-André Samère

Le titre de cet article n’est pas de moi, il est extrait de la page 8 d’un hebdomadaire traitant d’économie et de finances, dont le contenu, du reste, ne m’intéresse pas, car, de cette lecture, je ne retiens que le sens – ou plutôt le non-sens – de ces cinq mots.

En effet, sur ces cinq mots, j’en trouve deux parfaitement équivoques ! Et je m’étonnerai toujours que ceux qui les emploient n’aient pas conscience du fait qu’ils peuvent dire le contraire du sens qu’ils croient leur donner. Expliquons, car je devine que ce n’est pas très clair.

Le dernier de ces mots est le verbe louer. Comment peut-on l’utiliser sans se poser la question inévitable : s’agit-il de louer au sens de mettre un appartement en location pour quelqu’un qui n’est pas le narrateur-propriétaire, et sera ainsi simple locataire ? Ou, au contraire, s’agit-il de se porter candidat pour s’installer dans un appartement qu’on ne possède pas, moyennant un loyer ? Ces deux possibilités sont évidemment en contradiction totale. (Je pense toujours à cette histoire juive : quelle est la prière la plus courte ? C’est « Dieu soit loué ! ». (Et ne me taxez pas d’antisémitisme, c’est un Juif qui me l’a racontée)

Le premier de ces mots est encore plus vicieux, et serait mieux compris s’il était dit à haute voix. Dans le cas où l’on entend « plusse », on comprend que ce mot signifie davantage (plus le temps passe, plus les impôts s’alourdissent), alors que, si l’on entend simplement « plu », cela signifie une disparition (j’ai assez mangé, je n’ai plus faim).

Il faudrait, tantôt prononcer la consonne finale, tantôt la taire !

Mais ce serait sans doute trop simple.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Et quand la langue française permet d'être clair, ce sont les locuteurs français qui le rendent ambigu.<br /> Exemple entendu de la bouche d'une copine pourtant cultivée qui avait contracté un emprunt pour acheter un logement: "J'ai fait un prêt".<br /> Un court instant je m'étais dit qu'elle devait être sacrément riche pour avoir à la fois les moyens d'acheter un logement et de prêter de l'argent. Et puis la réalité de la situation m'avait rattrapé et je n'avais pas cherché à la corriger, c'eût été utile mais discourtois.<br /> Salutations du bois,<br /> <br /> Don Liau
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Y
Ces confusions sont très courantes, et chacun répète ce qu’il a entendu (et qui est martelé par les médias). Combien de fois, par jour, utilise-t-on cette expression ultra-courante et ridicule, dire qu’on met tel projet « sur la table », quand on pourrait et devrait dire simplement qu’on l’expose ? Combien avons-nous de tables en réserve ?
F
Amusant votre échange; pas plus tard que la semaine dernière, j'ai débattu avec un italien parfaitement francophone de cette phrase : "PLUS de recherche fondamentale et PLUS d'exploration aux frontières de nos connaissances"... Maudit français !
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Y
Content d’être amusant quand je vise juste. Mais pourquoi ces évidences ne sont-elles pas perçues par tout le monde ?
D
Dans ce genre d’ambigüité, il y a aussi le mot "hôte", qui veut dire aussi bien celui qui reçoit quelqu'un chez lui, ou celui qui est reçu chez quelqu'un.<br /> Je plains les étrangers qui apprennent le français.
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Y
Exact pour hôte !
D
Les délices de la langue française.
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Y
Je ne m’en lasserai jamais !