Trop ou très ?
Certes, je supporte mal ces quasi-illettrés qui vous accablent à la radio et à la télévision, en vous bombardant des rafales de leurs tics verbaux, avec lesquels ils truffent toutes leurs phrases de Voilà !, de en fait et de cool, quand ils ne les mêlent pas à l’inévitable super, employé sottement comme adjectif.
Mais rien ne m’irrite davantage que ce séisme que des adultes idiots ou intellectuellement retardés ont provoqué en laissant leurs enfants confondre trop et très. Travers qu’ils ne risquent pas de perdre en grandissant, de telle sorte qu’aujourd’hui on ne rencontre plus guère de jeunes qui fassent la distinction entre ces deux mots, lesquels n’ont rien à voir entre eux. Pourquoi les instituteurs, qui sont aussi atteints, ne font-ils pas leur métier en leur expliquant une notion plus que simple : très est un superlatif, il exprime un aspect positif, traduit l’excellence d’un concept, et n’a rien de péjoratif ? Ce film est très intéressant, ce gâteau est très bon, ce chanteur est très bon, rien que des compliments.
Au contraire, trop traduit un inconvénient, il est péjoratif, il rabaisse le substantif qu’il précède. Cela n’a aucun sens de dire à une fille qu’elle est trop belle, qu’un musicien est trop talentueux, qu’un film est trop réussi, car tous ces qualificatifs ne « qualifient » plus, et font que les qualités deviennent des défauts.
Je ne vois aucun remède à cette tornade de bêtise, puisque les responsables, les adultes, décidément infantilisés, ne savent pas éduquer leurs enfants et leurs laissent la bride sur le cou.