Fuyez la sophrologie !
Je viens de visionner un documentaire d’Arte intitulé Dormir à tout prix, qui détaille les inconvénients du manque de sommeil, et les remèdes à y apporter. Or, pour la première fois, j’ai cessé de regarder ce petit film au bout d’une heure et quelques, quand on s’est mis à suggérer au téléspectateur qu’il ferait bien de se mettre à la sophrologie.
Allons droit au but, la sophrologie est une fausse science, tout comme l’homéopathie, et elle est d’ailleurs rejetée par les facultés de médecine, qui ne la prennent pas au sérieux.
Naguère, je me suis frotté à cette discipline dont à ce moment j’ignorais tout. Je cherchais en effet à combattre une affection qui s’en prenait à mes jambes et me rendait pénible la station debout. Je vous dis tout de suite qu’on n’a jamais trouvé de remède à cet inconvénient, qui m’interdit pas mal de choses usuelles. Mais peu importe mon cas personnel, l’important, c’est que, cherchant une voie, j’ai consulté entre autres trois médecins parmi des dizaines : un spécialiste de je ne sais plus quoi de l’Hôpital Necker, à Paris ; un acupuncteur à Rodez ; et un sophrologue dans la banlieue nord de Lille.
Le premier qui m’a reçu m’a fait fuir en une minute : il rentrait de vacances, portait une blouse sale et avait un regard torve d’avorteur. Lorsqu’il a sorti une seringue et m’a révélé qu’il me ferait une quarantaine de piqûres successives dans le genou, j’ai dit « Non merci », ai pris mes jambes à mon cou, et suis immédiatement sorti de son cabinet. Le second, l’acupuncteur, m’a enfoncé une série d’aiguilles dans le genou, et a prétendu que je pourrais revenir une semaine plus tard pour une autre séance. Je ne suis jamais revenu. Et le troisième s’est lancé dans un baratin pseudo-psychologique, d’où il ressortait que je devais me remémorer une époque heureuse de mon passé et me concentrer là-dessus. Aux questions qu’il me posait sur ma vie passée, j’ai répondu innocemment que, oui, j’avais vécu à Casablanca, et, convaincu que j’y avais trouvé le bonheur parfait, il s’est lancé dans un discours sur le paradis que seraient les pays chauds, avec l’océan, la plage, etc. À ce tableau idyllique ne manquaient que les cocotiers. Je ne suis pas allé au prochain rendez-vous que ce niais m’avait fixé.
Tous ces imposteurs répondaient assez bien à la définition d’Onfray : ceux qui traitent leurs téléphones comme leurs enfants, et leurs enfants comme des téléphones. Crétins largement majoritaires, de nos jours.
En somme, si on vous conseille la sophrologie, fuyez !