Louis XIV, pire roi maudit !
Lundi dernier, France 3 a diffusé, avec Secrets d’Histoire, un épisode dont le titre était Louis XIV, l’homme et le roi. Je ne cache pas que je déteste Louis XIV, auquel les naïfs et les royalistes trouvent toutes les qualités, sous prétexte qu’il a fait bâtir le château de Versailles, en ruinant le pays au passage. Et le fait d’avoir ruiné le pays avec ces dépenses absurdes devrait plutôt lui valoir, a posteriori, cette déchance de nationalité si chère, naguère, à plusieurs de nos successifs présidents.
Citons en vrac cette quasi-déification d’un homme qui se prenait pour un dieu, sous prétexte que tant d’artistes se sont mis à son service sans aucune limite, y compris les meilleurs, comme Molière, dont le talent méritait mieux. Or, deux ou trois petits détails viennent obscurcir la portée des multiples éloges par eux décernés.
D’abord, il a multiplié les liaisons extra-conjugales, ce qui surprend si on veut bien se souvenir que l’individu metttait dans son lit toutes les femmes qui passaient dans son entourage, alors que, contrairement à ce qu’affirmait le texte de cette émission, l’individu était moche, ne se lavait jamais, et sentait aussi mauvais que ce tas d’asticots que j’ai vu et surtout senti dans un abattoir de province. Mais ces gourdes ne connaissaient que l’argent qu’il dépensait pour se les attacher, nonobstant le fait que la plupart était mariées, et finissaient par rester avec, sur les bras, un enfant pas toujours légitimé. Je pense à Mademoiselle de La Vallière, sa première maîtresse officielle, si naïve. J’ai vu et surtout compris pourquoi elle l’a quitté pour se réfugier au Carmel, après lui avoir donné six enfants : une fille et cinq garçons, dont trois ont été prénommés Louis, et deux seulement légitimés. Avec le plus jeune, Louis, comte de Vermandois, il a été ignoble, l’a fait élever chez Colbert, et l’a fait battre à coups de canne par un domestique lorsqu’il apprit que le garçon était homosexuel (alors que jamais il n’a brutalisé son propre frère, Philippe d’Orléans, d’un an plus jeune, qui ne cachait pas, lui, son homosexualité, et qui était plus intelligent). Or le pauvre Louis, envoyé à la guerre par son père dénaturé et qui n’a jamais tenté de le revoir, est mort de maladie. Il avait seize ans.
Ce père admirable a bien d’autres méfaits sur la conscience : avoir fait jeter en prison Nicolas Fouquet, dont il enviait la richesse et auquel, sensible aux mensonges de Colbert, il reprochait d’avoir détourné à son profit les richesses du royaume. Louis XIV a même tenté de le faire condamner à mort, mais les juges ont refusé de lui obéir.
Fouquet, qui s’était cru l’ami du roi, mourut en prison. Et ce ne fut pas la seule infamie commise par Sa Majesté : il révoqua l’Édit de Nantes, que son grand-père Henri IV avait fait promulguer, fit pourchasser et persécuter les protestants de France, provoquant ainsi une vague d’émigration qui profita à la Hollande, terrible erreur politique. Et, l’âge aidant, il termina seul sa triste existence, tous les aristocrates qu’il avait réunis à Versailles ayant peu à peu pris la poudre d’escampette.
Louis XIV a été de ces tyrans bouffis de vanité, qui n’a rien fait d’admirable, et ne possédait aucune trace d’humanité.