Macron recrute au « Canard »

Publié le par Yves-André Samère

C’est du jamais vu : un journaliste du « Canard enchaîné » qui passe directement au gouvernement ! En l’occurence, c’est une journaliste, Dominique Simonnot, qui va quitter le journal satirique pour devenir « contrôleuse générale des lieux de privation de liberté » (sic). Toutes proportions gardées, cet épisode rappelle un peu celui de ce rédacteur du même journal très peu pro-gouvernemental qui, ayant accepté une décoration pour sa conduite patriotique durant la Première guerre mondiale, avait été renvoyé brutalement de la rédaction par le patron du « Canard » ; ou, plus récemment, le tollé de beaucoup de journaux français contre Éric Brunet, qui avait accepté la Légion d’Honneur que Sarkozy lui avait décernée.

Le premier épisode mentionné plus haut remonte à 1933, lorsque Pierre Scize, rédacteur au « Canard », a été sans ménagement congédié du journal par le fondateur et directeur de l’hebdomadaire, Maurice Maréchal, pour avoir accepté la Légion d’Honneur à titre militaire, qu’il méritait pourtant pour avoir notamment perdu son bras au champ d’honneur. Or le code de déontologie du « Canard » stipulait que tout rédacteur s’engageait à refuser toute décoration officielle décernée à titre professionnel ou purement honorifique – ce qui, en l’occurrence, n’était certes pas le cas !

Dominique Simonnot n’a perdu aucun bras, elle a seulement écrit sur la justice, chaque semaine et depuis quatorze ans. Je ne l’ai jamais rencontrée, mais j’aurais pu, car, un certain jour où j’étais allé au bureau du « Canard » afin de rechercher parmi les archives un document sur Norodom Sihanouk, elle était passée devant moi pour aller chercher son courrier. Mais, ne l’ayant jamais vue précédemment, je ne l’avais pas reconnue, bien entendu, et c’est une des secrétaires qui me l’a signalée.

Que pourra-t-elle faire dans ce journal pour mettre fin au scandale de la misérable et scandaleuse condition des détenus dans les prisons françaises ? Tout le monde l’ignore, mais ce recrutement d’un journaliste pour un poste officiel devrait faire jaser, même en dehors des rédactions. Or, apparemment, il n’y a pas eu beaucoup de réactions, le fait a seulement été mentionné en passant par France Inter.

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