Ensemble, que faire pour la planète ?
Certains mots et expressions me tapent sur les nerfs, surtout depuis que je vis en France et dois supporter les errances des radio-télés. Et d’autant plus qu’en France, lesdites errances se manifestent beaucoup plus fréquemment qu’en Afrique. Non pas que l’Afrique soit épargnée par la sottise universelle, mais ici, en tout cas, on comprend la langue, donc on ne peut pas échapper à cette malédiction : les bruits qui vous agacent semblent vous poursuivre avec obstination.
Au podium de la sottise se sont hissés les termes sans cesse ressassés par les radio-télés, qui ne vous laissent aucun répit. Par exemple, ce nom qui, à première vue, ne devrait pas vous horripiler, mais vous horripile néanmoins, comme PLANÈTE. Ce mot revient dans nos oreilles une bonne centaine de fois par jour, sous le prétexte que, incessamment, chacun vous incite à faire « quelque chose pour la planète ». En ce qui me concerne, je ne me sens aucun devoir envers la planète, ayant constaté qu’elle ne se plaint jamais des mauvais traitements que je serais censé lui infliger. Pourquoi devrais-je battre ma coulpe, sous le prétexte que le gouvernement qui est supposé me représenter accumule les bourdes (alors que je ne lui demandais rien), et parfois les crimes, dont chacun sait bien qu’ils resteront impunis ?
Histoire d’aggraver leur cas, nos gouvernants semblent vouloir nous culpabiliser à tout prix, et consacrent tous leurs efforts à nous inciter de tout faire ENSEMBLE. Ce mot-là, c’est cent fois par jour que les médias s’obstinent à vouloir nous l’enfoncer dans le crâne. Messieurs, avez-vous oublié cette chanson dans laquelle Brassens vous rappelait ce qu’on devient quand on est plus de quatre ? Si vous n’avez pas compris la leçon, précipitez-vous à la FNAC, et achetez le disque ! Mais non, pas l’album !
L’obsession a récemment franchi les bornes ultimes quand on a bâti, sur le toit du Tribunal de commerce, à Paris, une immense pancarte où ce mot fatal, ensemble, est peint en lettres de vingt mètres de large. Nous serions donc myopes à ce point, messieurs les sourds ?