Bacri
Sans être passionné par le jeu de Jean-Pierre Bacri, j’ai regretté sa disparition, son franc-parler, et le fait de ne jamais rendre un hommage... à lui-même. Il faut dire que je déteste le comportement habituel des acteurs, qui enrobent toutes leurs déclarations publiques dans un sirop écœurant, auquel il est impossible de croire un seul instant : on croirait entendre un ministre multipliant les coups de chapeau au président de la République et le citant sans arrêt !
Pour ma part, je me garde bien de tresser des couronnes pour telle ou telle personnalité, et je ne crois pas du tout à la sincérité de ces hommages dont les médias nous abreuvent : qui croit-on tromper ? Ainsi, j’ai systématiquement pris en grippe tous les chefs d’État qui nous ont encombrés du récit de leurs immenses qualités, et je reste persuadé que, s’ils parviennent à leurs hautes fonctions, ils les doivent toujours aux succès de leurs impostures. Et très peu d’acteurs m’ont convaincu de leur génie de l’art dramatique. Bacri, qui haïssait leur principal talent, le fait de se pavaner sous les feux de la célébrité, aura été l’une des très rares exceptions. Et même si je n’aime pas du tout les films de Maurice Pialat, la personnalité de ce réalisateur m’a paru intéressante, pour avoir dit aux spectateurs, lors d’un festival de Cannes, « Je sais que vous ne m’aimez pas, mais je ne vous aime pas non plus ! ». Même agressive, la franchise reste une qualité essentielle.