Pourquoi rire ?
Marcel Pagnol, qui a écrit un texte intitulé Notes sur le rire, a eu cette belle idée de se demander si « le sourire est véritablement un sous-rire » (ne pas omettre le trait d’union au bon endroit, sinon cette remarque – celle de Pagnol, pas la mienne –, n’a plus de sens. Or elle en a un, c’est évident !).
Cette seule idée est plus judicieuse que n’importe quel raisonnement, et prouve qu’un auteur de comédie peut se révéler comme un penseur. On envie quelqu’un qui a conçu pareille réflexion. Et les humoristes feraient bien de s’en inspirer. Mais la plupart d’entre eux se contentent de semer des calembours dénués de toute intention. Ainsi, rares sont les humoristes auxquels on reconnaît quelque intelligence.
D’ailleurs, quelques pages plus loin, Pagnol ajoute « Tous les journaux satiriques, depuis qu’il en existe, ne sont qu’une exposition hebdomadaire des faiblesses, des gaffes ou des tares des grands hommes, ou tout au moins de ceux que la foule envie ». Ce pour quoi, justement, tous les hommes politiques ont en horreur l’humour qui les victimise, et que « tout journal satirique, sous quelque régime que ce soit, est donc nécessairement un journal révolutionnaire, parce qu’il donne au peuple un très vif sentiment de l’infériorité de ses gouvernants ».