Éloge mitigé de Voltaire

Publié le par Yves-André Samère

Le téléfilm diffusé hier soir par France 3 semblait avoir été réalisé il y a quelques années, mais je ne l’avais pas vu. Il s’intitulait Voltaire ou la liberté de penser, et, comme toujours, le personnage principal était interprété par un acteur inconnu et pas du tout ressemblant.

On assistait aux tribulations d’un Voltaire très soucieux de sa réputation, ce qui n’est pas faux, avide d’argent, détail tout aussi exact, et fréquentant surtout les gens de la haute, dont un roi de Prusse et une impératrice de Russie. On n’a pas omis de parler de l’affaire Calas, le pauvre protestant Jean Calas, commerçant toulousain, ayant été accusé d’avoir étranglé son propre fils pour l’empêcher de se convertir au catholicisme. Or, sous Louis XV, la religion dominante est encore le catholicisme, très intolérant, et Calas fut condamné à mort, roué puis exécuté. Mis au courant, Voltaire prit la défense de ce malheureux, victime du fanatisme religieux que lui-même, bien que chrétien, a combattu toute sa vie. Calas fut réhabilité trois ans après son exécution, en 1765.

L’évocation de cet épisode nauséabond fit donc l’éloge mérité de Voltaire. Malheureusement, les auteurs du récit ont totalement passé sous silence – un silence absolu – une autre affaire aussi scandaleuse, celle du chevalier de La Barre. C’était un jeune homme d’environ vingt ans, qui vivait à Abbeville. Il fut accusé d’avoir omis de saluer une procession, d’avoir possédé chez lui un livre de Voltaire, d’être incroyant, et d’avoir abîmé un crucifix. Le tribunal local le condamna à une mort horrible, main coupée, langue arrachée, tête tranchée. Voltaire, mis au courant, lutta ardemment pour sa réhabilitation. Le chevalier ne fut réhabilité qu’en 1793, et il existe un monument en souvenir de son triste sort dans sa ville natale, érigé seulement en... 1907.

Voltaire n’était pas athée, mais il haïssait les religions, en quoi il n’avait pas tort.

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