Lire, encore lire, toujours lire !

Publié le par Yves-André Samère

J’ai commencé l’apprentissage de la lecture à l’âge de cinq ans et deux mois. Impossible d’oublier cet évènement, car c’était le temps où le Tour de France cycliste occupait tous les esprits. Or, bizarrement, je voulais alors connaître combien gagnaient les coureurs, aussi bien les vainqueurs d’une étape que le premier au classement général, donc le « maillot jaune » du Tour lui-même.

Ces renseignements passionnants, j’aurais pu les trouver dans le journal quotidien que mes parents achetaient, mais je ne savais pas lire ! C’est d’ailleurs mon étonnement constant, qu’avant cet âge, nul n’avait pris cette décision de m’apprendre à lire, ce que j’aurais pu faire si quelqu’un en avait eu l’idée, car je n’étais occupé à rien.

Mais le Tour de France cycliste et la menue monnaie gagnée par les concurrents ont eu raison de cette inertie parentale, et, après avoir copieusement tarabusté mon père, que la question n’intéressait pas du tout, je l’ai contraint à me fournir les rudiments de l’alphabet. Cette occupation inédite lui prit environ une heure, puis il passa à autre chose et me laissa à mes préoccupations financières du moment.

Et, dès la rentrée des classes, une grande première pour moi qui avais alors cinq ans et cinq mois, je savais lire presque aussi bien que ma première institutrice, une demoiselle charmante et qui prit aussi l’initiative de faire répéter à toute sa classe un petit spectacle musical sur La marche des soldats de bois (j’ai encore la partition), que nous exécutâmes aux grandes vacances suivantes, sur la scène du meilleur cinéma de la ville (j’ai encore une photo me représentant dans le costume adéquat, les mères de famille ayant été mises à contribution).

Dès lors, je n’ai plus cessé de lire, occupation qui m’a envahi et que jamais je n’ai lâchée. Au point que, depuis, je lis une demi-douzaine de livres « en même temps » (comprenez que je passe d’un livre à l’autre, sans attendre d’avoir fini l’un pour en commencer un autre). J’avais débuté avec des illustrés, suivis les années suivantes par Vingt mille lieues sous les mers, de Jules Verne, Les voyages de Gulliver, de Jonathan Swift, Le capitaine Fracasse, de Théophile Gautier, Robinson Crusoé, de Daniel Defoe, Histoires comme ça, de Rudyard Kipling, Le paradis perdu, de John Milton, et, en ce moment, les romans vénitiens de Donna Leon, Dieu de la Bible, Dieu du Coran, de Jacqueline Chabbi et Thomas Römer, tout San-Antonio, Histoire des médias, de Jacques Attali, tout Molière, tous les livres politiques de Philippe Pascot, Lolita et Asa, de Vladimir Nabokov, Une terre promise, de Barack Obama, 1984 et La ferme des animaux, de George Orwell, tout Montherlant, et des dizaines d’autres, tous passionnants.

Je ne comprends pas du tout ceux qui dédaignent de lire : c’est plus qu’une passion, la lecture est indispensable. Sans cela, on n’a rien d’humain.

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